L’utopique justicier


Si je n’avais pas dû connaître le succès
Je serais devenu un manant sympathique
J’aurais commis des vols avec soin d’esthétique
En jouant comme Arsène à redistribuer

Du plombier j’aurais pris l’attirail qui dessoude
Choisissant sans violence ceux qui ont exploité
La sueur de ces mômes et leur huile de coude
Pour des marques à succès ayant droit de cité

Du soldat la mitraille : en aurais-je usé ?
Peut-être pour ouvrir quelques coffres trop forts
Dans quelques paradis dorés où l’argent dort
A l’abri des regards faussement détournés

De l’agent, ses secrets, j’aurais étudié
Sa voiture gadget m’aurait fait faire des bonds
James, les beaux costumes et les belles pépés
Je serais devenu un détourneur de fonds

De l’homme politique j’aurais appris les mots
Leurs pesants de promesses à l’assaut des faiblesses
Une fois au pouvoir une fois tout en haut
J’aurais dit au bon peuple il est tant que ça cesse

De l’homme en sueur qui œuvre chaque jour
Pour offrir à ses gosses un rêve et des beaux jours
Fric frac sur son labeur son joug et ses sillons
Le temps pour lui aussi de lire François Villon

Du patron j’aurais pris toutes ses bonnes actions
Lui offrant « so british » le thé à « five o’clock »
A son licenciement me revoilà pur rock
A l’alléger un peu d’encore ses stocks d’options

Du président clinquant j’éviterais l’exemple
Je me renseignerais où le paon prend ses plumes
Je sais que maintenant le monde me contemple
L’image d’un justicier a besoin d’un costume

Je serai justicier
Un justicier masqué
Sans me faire remarquer
J’officierai…

----------------
entoliv

Tous mes textes sont protégés par Copyright