Sur un bout de papier,
de papier tout froissé,
j'ai reconnu un jour,
les quelques mots d'amour,
que tu m'avais écrit,
bravant les interdits,
du professeur d'histoire,
ou du pion des dortoirs.
On n'avait pas dix ans,
on étaient des enfants,
tristes et abondonnés,
au pensionnat d'été,
vacances punitives,
pour nos coeurs en dérive.
Et j'ignorais pourquoi,
on devait resté là.
Alors on inventait,
de beaux contes de fées,
j'étais la prisonnière,
d'une sombre sorcière,
tu venais me sauver,
sur ton beau destrier.
On a refait le monde,
de nos âmes vagabondes,
écrit de beaux poémes,
tout ourlés de "je t'aime,
gravé sur le vieux chêne,
nos deux noms, homogènes.
Et puis tout s'arrêta,
avec un bruit de pas,
un été qui s'achève,
une voix qui s'éléve,
ton père vient te chercher,
et tu dois t'en allé.
Je n'ai pas dit un mot,
retenu mes sanglots,
petit bout de papier,
jauni et déchiré,
empli de mots d'amour,
qui me disait "toujours"