A pas de loup je glisse le long de ma vie
Volant à tire d'aile pour échapper à l'ennui.
Elégante éléphante en magasin sans porcelaine
Je butine seule au fil des matins blêmes,
Jouant à chat au gré de mes amants,
Oubliant la chair de poule qui me glace les sangs.
Myope comme dix taupes je ne peux que deviner l'amour
Qui jamais très logtemps ne me fait patte de velours.
Entre chien et loup j'aperçois un soleil:
Muet comme une carpe il erre, seul au ciel
De ma solitude folle de biche effarouchée.
De beaux paons font la roue mais j'en suis aveuglée,
Le dos rond j'encaisse leurs caresses furtives
Et maladroite quémande, maladive,
Un mot doux au sanglier des Ardennes
Quand d'un beau lion de l'Atlas je ne me vois la reine...
J'aimerais tant reprendre poil de la bête
Papillonner entre folies et dettes.
Cependant fragile comme doux vers à soie
Malgré mes chants du coq je travaille ma voix.
Engluée telle mouche dans toile d'épeire
Entre pattes d'ours mal léchés et austères,
Rêvant d'impossibles, je trébuche sur dos d'ânes...
Car grosse baleine enfant on m'a volé mon âme:
Habile caméléon je dissimulais les chagrins
Versant larmes de crocodile jusqu'aux petits matins.
Le temps presse je file en eaux troubles comme une anguille
Et rossignol réparé lance enfin mille trilles
A la nuit étoilée, lorsque malgré les chacals
Je me lèche les babines et régale
D'amour et d'eau fraîche. Blanche colombe
Pigeonnée maintes fois je sors en trombe de ma tombe.
Petite luciole vacillante je hurle à mes lunes
Et d'un vrai oeil de lynx peut déchiffrer mes runes.
J'attends impatiente telle renarde argentée
Cet indomptable dahu qui enfin me mordrait
Et quand passent les cigognes
Pour un dragon chinois très fort mon coeur cogne...
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