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     La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE
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Expéditeur Conversation
Mostafa
Envoyé le :  6/6/2008 10:12
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
La Gloire des Arbres;dédiée à Rose et à tous ceux qui n'ont pas oublié BENJAMIN MOLOISE

LA GLOIRE DES ARBRES
(Pour ne pas oublier)
Hommage posthume au poète
Sud-africain Benjamin MOLOISE

Ils vivaient sous le soleil. Amis du vent, du soleil et de l’eau, ils ne chassaient que pour se nourrir. Ils appartenaient à la nature et la nature leur appartenait. Somnolant sous un arbre, épiant une antilope, échangeant une grimace d’amitié avec un babouin, dansant autour du feu de la tribu, enchantés par le rythme du tam-tam ancestral, ils étaient heureux, satisfaits, sages. Ni dieu, ni maître ! Ils vivaient paisiblement comme toutes les créatures qui les entouraient avec lesquelles ils cohabitaient sans aucun narcissisme.
Une nuit suffocante, des hommes différents, à la peau blanche comme le lait, sont venus troubler leur sérénité et polluer leur eau. Ils sont venus sur d’étranges maisons en bois qui marchaient sur l’eau sans se soucier des crocodiles. Ils se sont mis aussitôt à leur faire la chasse comme des animaux. Ils leur ont mis des chaînes aux pieds et au cou. Ils les ont obligés à creuser leur terre pour en extraire des pierres jaunes, très brillantes. Celui qui essayait de se défendre, ils le tuaient de sang froid avec leurs bâtons qui crachaient le feu.
Ils ont mis du fil de fer partout, dans toute la forêt. Ils ont pris toutes les terres et n’ont laissé aux hommes de la nature que les taudis des bidonvilles et les masures des villages. Ils ont construit de belles cités modernes avec du béton armé et du bitume. Ils ont accroché des écriteaux partout : « Interdit aux chiens bâtards et aux noirs ». Quand ils ont inauguré leur capitale, ils l’ont appelée fièrement : « Johannesburg/ Caserne du racisme ». Le Ku-Klux-Klan était le premier à leur prouver sa sympathie, sa solidarité et sa grande amitié en leur envoyant un télégramme de Félicitations.
Avec leurs bâtons qui crachaient le feu, leurs chiens de chasse enragés, leurs chaînes d’acier, leur religion et leur civilisation, ils sont devenus les maîtres de la forêt. Et les hommes de la nature sont devenus esclaves sur leur propre terre, dans leur propre pays, sous leur propre soleil. Mais le tam-tam de la liberté a commencé à résonner dans toute la forêt. Les maîtres sont devenus plus méchants, plus tyranniques, plus racistes. La plaie de la ségrégation est devenue profonde, saignante, incurable. Les hommes blancs avaient beau se laver les mains avec du savon parfumé, elles demeuraient rouges. Le sang est indélébile ! Et cela a duré longtemps, très longtemps ; les Blancs tuaient les Noirs, exportaient les richesses de la terre fertile à leurs alliés qui les épaulaient et les encourageaient à continuer leur boucherie au non de l’or. Les Noirs devenaient plus fatigués, plus maigres, plus malades, plus affamés. Les Blancs devenaient plus adipeux, plus joufflus, plus ventrus, plus puants. Depuis que ce cauchemar avait commencé, chaque nuit le rythme du tam-tam ancestral réveillait les maîtres en sursaut. Malgré les chiens de garde, malgré les murs, malgré les barbelés, le son et la voix du tam-tam atteignaient leurs lits. Ils mettaient du coton dans les oreilles, enfonçaient la tête sous les oreillers, ils entendaient toujours le tam-tam. Il était clair et net. Il disait :
« Afrique, notre terre
Afrique, notre mère
Ne pleure pas
Ne t’arrête pas
Enfante les géants
Étrangle les colons ! »

La forêt tranquille des ancêtres est devenue prison, cimetière, camp de concentration, réclusion, caserne, rivière de sang… Un matin, le tam-tam de la liberté a résonné plus fort que d’ordinaire. Il a réveillé hommes et bêtes et personne n’a pu éteindre son cri légitime. Boutha s’est réveillé furieux. Il n’avait aucune envie de se réveiller à cette heure matinale après l’orgie de la veille. Qui a osé déranger le sommeil sacré du grand chef ?
- Ce sont les fourmis, maître. On ne peut plus arrêter les émeutes. Les fourmis sont déchaînées, furieuses, folles, enragées. Elle n’ont plus peur, maître. Plus on en tue, plus il en sort des milliers. Que faut-il faire, maître ?
Les corbeaux voilaient le soleil. Les éperviers éventraient les femmes. Les bulldogs dévoraient les enfants. Les lance-flammes brûlaient les hommes vifs. Les tanks écrasaient les bidonvilles et les villages. Boutha riait. Son rire hystérique horrifiait les oiseaux. Mais les esclaves ne s’arrêtaient plus. Leur tam-tam résonnait de plus en plus fort :
« Africa, Africa
Mort Ă  Boutha
Africa, Africa
Ne t’arrête pas ! »

La négritude commence à déranger sérieusement l’Apartheid. Ses alliés ne sont pas contents des rapports sur la situation à « Johannesburg/ caserne du racisme ». Il faut éteindre ce feu avant qu’il ne brûle toute la terre. Il faut étouffer ce cri avant qu’il ne réveille tous les opprimés du monde. Boutha convoque son quartier général. Il a une idée diabolique :
« -Il faut tuer les meneurs, les port-parole, ceux qui sont assez fous pour se mettre en tête. Cela servira de leçon aux autres et personne n’osera riposter.
-Idée géniale, maître !
-Exécution ! »
En feuilletant les listes des perturbateurs, Boutha tombe sur un cas très étrange. Il demande à son renard préféré :
« -Qui est-ce ?
-C’est MOLOISE, chef ; Benjamin MOLOISE.
-Qu’est ce que c’est, au juste, ce MOLOISE ?
-C’est un arbre, chef.
-Un arbre ?! Que vient faire un arbre dans la liste des hors-la-loi ? Tu es devenu fou ?
-Non, chef. Cet arbre n’est pas comme les autres, chef. Il a deux cents ans, chef. C’est le plus grand et le plus bel arbre de votre empire, chef. Tous les esclaves le vénèrent et le respectent, chef. La nuit, ils l’entourent et dansent au rythme du tam-tam maudit, chef. Il paraît que l’arbre leur récite des poèmes interdits, chef. Ces poèmes magiques leur donnent la force, l’espoir et le courage, chef. Et le lendemain, ils deviennent plus effrénés, chef. Que faut-il faire, chef ?
-Quoi ?! Un arbre qui compose des poèmes maudits dans mon empire ?! On aura tout vu ! Coupez-le ! Brûlez ses feuilles et ses branches ! Déchiquetez ses racines ! Déchirez ses poèmes ! Coupez la langue à tous ceux qui osent les répéter à haute voix ! Exécution ! Et n’en parlons plus ! »
Le lendemain, les bulldozers et les scies mécaniques attaquent l’arbre à l’improviste. Les scies coupent son tronc. Tous les oiseaux de la forêt pleurent. L’arbre ne gémit même pas. Il a dit : « La mort n’a pas peur de nous, n’ayons pas peur d’elle ! » Et il est mort assassiné. Il est mort glorieux, la tête haute sans plier l’échine. Il est mort debout. Il est mort vivant !
On a brûlé ses feuilles et ses branches. Des bulldozers creusent la terre pour enlever toute trace de racines pour qu’il ne renaisse plus. Mais ses racines n’ont pas de fin : Elles sont si longues ! Plus les bulldozers creusent plus les racines s’allongent plus le trou s’approfondit. C’est impossible ! On n’a jamais vu un arbre pareil ! Ses racines doivent bien avoir une fin ! Boutha est impatient : Il veut à tout prix atteindre l’extrémité des racines pour mettre fin à toute trace de vie dans la forêt.
Les rapports de chaque matin sont négatifs. Le nivellement, le déblaiement de terrain ne s’arrêtent plus. La place de l’arbre est devenue un chantier immense. On y travaille jour et nuit. Que de camions ! Que de marteaux-piqueurs ! Que de bulldozers !
« -N’arrêtez pas les travaux ! Continuez à creuser ! », leur crie Boutha à chaque instant.
La nouvelle de l’assassinat de l’arbre africain a fait le tour du monde. Et de chaque pays, de chaque usine, de chaque village, de chaque prison, de chaque quartier des pauvres, de chaque jardin d’enfants, les télégrammes sont envoyés par les colombes au peuple de l’arbre :
« Africa, Africa
Mort Ă  Boutha
Fils de la liberté
Soyez plus forts
Plus nombreux, plus unis
Et persévérez !
Le soleil de votre colère
Brûlera Boutha
Et vous rendra la vie
Africa, Africa ! »

Boutha est furieux ! Tant qu’il ne mettra pas fin aux racines de l’arbre, le tam-tam da la liberté s’entêtera à résonner. Un jour, il quitte sa forteresse et vient dans son tank voir le trou des racines. Il reste stupéfait un long moment. Il voit des arbres, beaucoup d’arbres qui montent du tréfonds de la terre. Il reste ébahi devant cette montée incroyable. Ce moment de stupéfaction est suffisant pour que le tam-tam se mette en marche. Et les hommes se mettent en marche.
« -Bouchez le trou ! Arrêtez la marche noire ! », crie Boutha, épouvanté. Grenades, bombes lacrymogènes, coups de feu, arrestations, guillotines… Cela ne sert plus à rien : La vague de la révolution approche, approche, approche… Rien ne peut arrêter le cyclone ! C’est la fin, c’est ta fin Boutha !
Il a peur ! Même ses alliés, auxquels il a exporté tout l’or de l’Afrique ne sont pas là pour le sauver. Le cyclone de la vengeance est devant, le trou des racines et derrière. Que faire ? Il n’y a plus rien à faire ! Boutha veut fuir mais trébuche, tombe dans le trou. L’écho de son dernier cri fait pousser davantage les arbres. Ils commencent à naître… D’innombrables arbres émergent du trou et s’élèvent dans le ciel ; très grands, très beaux, très forts. Il y a des arbres partout où le sang a coulé : Ce sont des MOLOISE, une infinité de MOLOISE ! Ils poussent, ils poussent… Ils envahissent « Johannesburg/ caserne du racisme »… Et la forêt redevient paradis. Et les oiseaux africains se mettent à chanter au rythme du tam-tam ancestral :
« Gloire à la lutte, à la vie
Gloire à la force qui libère
Crée et féconde
Gloire à la liberté reconquise
A la paix, à l’amour
Gloire, ultime gloire enfin
A la fraternité de ceux qui luttent »*

*- Extrait du poème « tam-tam » de Jean Baptiste MUTABARUKA

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 » La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 6/6/2008 10:12
     Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE rosam31 6/6/2008 15:49
     Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Escandihado 30/11/2008 18:28
     Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 30/11/2008 21:47
     Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 6/9/2009 18:31
       Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE crisroche 6/9/2009 19:42
         Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 6/9/2009 19:51
     Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Amedyaz 6/9/2009 23:36
       Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE PAPILLON94 7/9/2009 0:03
         Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 8/9/2009 17:39
       Re: La Gloire des Arbres;dĂ©diĂ©e Ă  Rose et Ă  tous ceux qui n'ont pas oubliĂ© BENJAMIN MOLOISE Mostafa 7/9/2009 18:01

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