A Chiron

Dans le dais des ténébreuses frondaisons
Où se trouvent des centaurées la floraison,
Pressuré entre les racines de l'aconit
Réside ce vieux centaure, Chiron à l'agonie.

Courbant leurs troncs, dans leur noble pudeur,
Les centenaires, à son chevet, attendent.
Couvrant son corps de leurs vertes lueurs,
Ombrant son front que la sueur inonde

La forêt laisse bruire sa pesante douleur,
Toute la féerie lui rends hommage en un cœur,
La destinée a offert à Chiron sa dose létal,
Héroïque qu'il est, il l'a pris, sans un bruit, sans un râle.

S'en est allé, le souffle du bel animal
S'en est allée, la vie, s'en est allé, le mal,
Est tombé comme un roc, le centaure imposant.
Dans les herbes et les feuilles, dans la terre et dans le vent.

Soudain dans le silence un froissement d'ailes,
Au crépuscule les phalènes atteignent
L'orée de toutes ses vies qui s'éteignent
Et La nuit offre à Chiron son repos éternel.

Brille, étoile, en le ciel,
Ici bas, Chiron meurt.
Attends-le, toi, bel éternel,
Ici bas, la forêt le pleure.

Lointaine et Sid-de-tie