Dédié aux "sans papiers" qui croupissent dans les centres de rétention.

L'année n'est pas finie, redoublons nos efforts !
Vingt deux mille en moins, il faut chercher encor
Car le quota n'est pas entièrement rempli...
La chasse est déclarée, il reste cette nuit !

Dans les centres parqués, déjà trop surchargés,
Survivent pour un temps ces nouveaux immigrés,
Ceux pour qui le hasard n'a pas laissé le choix ;
N'ayant plus de papiers, ils sont montré du doigt.

Pourtant pendant longtemps, ils ont pu travailler
Et payer des impots dans la légalité,
Depuis dix ans, quinze ans et bien plus pour certains.
A nouveau sans papiers, les voila clandestins.

Pourchassés sans répit par des ombres sans coeur
Qui, couchées dans leur lit, n'entendent pas leurs pleurs,
Leurs cris de désespoir qui incendient le ciel ;
Demain pour eux n'est plus qu'un monde sans soleil.

Pour beaucoup de ceux là, ils n'ont plus d'avenir.
Ils sont partis enfants pour ne plus revenir.
Sans famille, sans toit, en parfaits inconnus
Renvoyés au pays qu'ils ne connaissent plus.

Mais ces hommes, ces grands qui décrètent les lois
Ont-ils déjà connu la faim, la peur, le froid ?
Doivent-ils tous les jours affronter la prison
Dans ces centres d'accueil qui portent bien leur nom,

Comme ces prisonniers sans aucune valeur
A qui l'on a tout pris : papiers, espoir, honneur ?
Je pose la question à tous ces bons français
Qui du malheur des uns pourront se glorifier.

Moi, j'ai honte parfois de vivre en ce pays
Qui plonge tous les jours un peu plus dans l'oubli
Cette déclaration du nom des droits de l'homme
Bien trop souvent bafouée par tous ces "grands bonhommes ".