Plume d'or Inscrit le: 22/12/2007 De: Paimpol en CĂ´tes d'Armor Envois: 1191 |
Le mage LE MAGE
(1)
En ce temps lĂ vivait un mage Que les dieux rendaient fou.
Ce mage avait l’âme si pure Qu’il conversait avec les anges, Son visage resplendissait Comme un soleil ébloui Et ses habits devenaient blancs Comme irradiés par la lumière.
Il pouvait faire tomber la pluie En touchant du doigt les nuages Et dans le ciel clair de la nuit Ordonner au manège cosmique Et à son étoile polaire De dessiner l’axe du monde.
C’est dans cette image céleste Qu’il lisait les rêves des hommes Et bâtirait pour eux, là -haut, Grâce à ce merveilleux manège, Le grand moulin de l’Equité Et lui donnerait à moudre Avec les bons et mauvais grains Tous les aléas du destin.
(2)
En ce temps là vivait un mage Que d’immenses pouvoirs rendaient fou.
Depuis qu’il fréquentait les anges Pour se faire de nouveaux amis Il ne pensait qu’à s’envoler, Quitter sa matérialité, Qui lui semblait trop pesante, Puis devenir un pur esprit. Cette prétention démesurée Lui avait certes donné des ailes Mais coupé l’herbe sous les pieds.
Un cauchemar hantait ses nuits : Dès qu’il entrait dans son moulin Les ailes se mettaient à tourner Plus vite que le souffle du vent. L’énorme meule de pierre Grondait dans un bruit de tonnerre Sans moudre un seul grain de blé Et la charpente gémissait.
Il voyait des scintillements, S’épuisait à vouloir marcher, Perdait toute notion du temps, Qui parfois semblait s’arrêter, Et ses habits devenaient blancs Comme irradiés par la lumière.
(3)
Un cauchemar hantait ses nuits : Il allait devenir meunier !
Sa vie tout entière bascula Le jour où, dans son moulin, Une femme tout simplement entra Pour n’en plus repartir.
Dans son cœur se mirent à fleurir Plus de mots d’amour que de blé Dans un champ de coquelicots.
Dans sa tĂŞte se mirent Ă germer Plus de rĂŞves que le grand moulin Ne brassait de souffles de vent.
Ces belles images pour un meunier Devenaient douces réalités Mais la meule refusait de tourner Sans le moindre grain de blé A se mettre sous la dent Pour gagner un peu d’argent… Alors la femme se mit à pleurer En se rappelant les merveilles Qu’un mage lui avait racontées Et dont elle avait tant rêvé !
Palmito
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