Venir...
Je suis venue au monde, telle la rosée épousant le pré entier.
Octobre courait aux feuilles.
J’entrais déjà , par la dernière fleur, dans la force pourpre de l’automne
de l’enfant qui demande, à la lueur qui tremble.
Au-dessus du berceau, autour de la lampe,
combien ont cherché dans mes veines, le sang qui coulerait de l’espoir.
Les autres étant partis, serrés dans les blés ;
semant et ressemant, plus haut dans le souffle,
aux bras du moulin qui tournaient, jusqu’à perdre le vent.
Je suis venue à l’arbre, en pleine forêt, vingt ans après les aînées,
la robe faite de l’âge.
Naissant ; naissant dans les branches jusqu’aux printemps,
que les enfants mettent au monde et rendent aux étoiles.
L’orage ciblait le ciel, je mourus d’avance.
Venir...
Longtemps
Je suis venue,
Haute dans l’herbe, pareille au jonc qui remplit la mare.
Je suis venue
Comme le vent scie le sable, sur le champ des eaux,
L’azur terré de lune.
Je descendais du front, les balles
Et les pas désordonnés des marchands de bulles,
Ont vu, se séparer les rues.
Je suis venue.
Les chuchotements, les dalles, se sont tus.
Il y avait du vent, le sable, les bulles,
Dans une balle
Aux couleurs, qui rattrapaient le mur.
Extrait de L'ANNEAU DES LAMPES
Ema