Plume d'or Inscrit le: 17/7/2007 De: POISSY YVELINES Envois: 1554 |
LE NOMADE Le sable s'agitait en vagues couleur chair Sous le vent indigent qui caressait les cimes, Et le soleil crevait d'un lumineux éclair La voûte de la nuit que l'aurore assassine.
Le silence pleurait sous les traces masquées De la femme voilée venue chercher la vie. Au fin fond du désert, d'une jarre coiffée Lègére, elle avançait vers la verte oasis.
Ses yeux noirs transperçaient la clarté du matin D'un regard incisant scrutant les alentours . Plus l'ombre grandissait, protégeant son butin, Elle serrait dans sa main sa jarre avec amour.
Elle s'est agenouillée devant la source bleue Pour y puiser enfin ce breuvage sauveur, C'est alors que sur l'eau, reflétèrent deux yeux, Trop clairs et trop virils pour n'être pas chasseurs.
Un chameau blatérait couché prés d'un buisson, Mais nulle âme autre part que l'homme du désert, Et lorsqu'il s'approcha pour lui dire son nom Elle cacha ses yeux pour faire une prière.
Le soleil déformait son ombre sur le sol Mouvant, qui ondulait comme des vagues d'or, Et le vent malicieux réorientant son vol Dévoilait sans pudeur la beauté de son corps.
Il a levé sa main pour découvrir un peu Ce que dissimulait l'opaque voile blanc Et son coeur frissonna devant l'envol gracieux De ces cheveux hennés qui dansaient, scintillants.
Mais les yeux fatigués d'attendre leur bourreau Abaissant doucement leur paupières de miel Soudain se sont fermés pour l'éternel repos, Peut-être retrouvant un peu trop tôt le ciel.
Cette vierge sans nom qui s'éteignit ici, Ne saura-t'elle jamais que l'homme du désert N'attendait qu'un sourire et pas même un merci Pour cette eau qui coulait dans ce pays amer.
Rien qu'un mot simplement, et pas même un baiser.... Il n'avait jamais vu la couleur du henné, Ni même ces beaux lacs noirs qui se reposaient Sous ce voile de jour à présent maculé.
Il a pris dans ses bras le jeune corps sans vie Qu'ensanglantait au coeur un poignard acéré Et posant son burnous sur la jeune endormie, Il tissa de ses pleurs un linceul de regrets.
Elle repose encore aux pieds d'un grand palmier Et le soleil souvent caresse son tombeau. L'homme bleu vient parfois, sur sa tombe, prier... Une jarre est posée, près d'elle, pleine d'eau.
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