Les Temps de la Terre III. L’essor
Très vite dans les mers, cellules pullulèrent.
Certaines étaient nues, d’autres dissimulèrent
Dans une maison dure leur fragilité,
Se créant des abris d’une infinie beauté.
Si nombreux furent-ils qu’après leur mort, leurs coques
Formèrent les premières craies de cette époque.
Mais ennui vint très vite à vivre solitaire,
Cellules en cédant à un instinct grégaire
Découvrirent qu’unies, elles pouvaient beaucoup,
En partageant la charge elles gagnaient du coup.
Première à engager la superbe aventure,
L’éponge va créer d’innombrables structures,
Suivie très vite par méduses et alliés
Qui vont peupler les mers de formes variées.
Et la photosynthèse n’était pas en reste,
Naissait en même temps, première algue modeste,
Qui, se diversifiant, peupla tous les recoins
Où la lumière était suffisante aux besoins.
Mais tout s’accélérait, la Force insatiable
Lançait nouvelles formes parfois peu viables,
Des ĂŞtres fantastiques qui se sont Ă©teints
Après avoir régné sans partage, atteints
Par de grands cataclysmes qui nous interpellent,
Et qui, fragilité du Vivant nous rappellent.
Et déjà s’appliquait dure loi de Nature,
« Manger ou être mangé », pour ces créatures.
Brouter les algues, devenir proie d’un plus fort
Qui, à la fin, est dépecé par croque-morts,
Ou succombe à l’assaut d’un ogre plus puissant,
Dans un ballet mortel, tragique et incessant.
Et pour se protéger, les faibles se créèrent
Coquille, carapace qui alors suppléèrent
A l’absence d’armes qui pouvaient les défendre.
Mais cruels prédateurs ne voulaient rien entendre,
Perfectionnant leurs yeux, leurs mâchoires puissantes.
Naquit une ménagerie hallucinante,
Conservée dans pierres de ces temps oubliés,
En empreintes jolies nous laissant extasiés.
Mais une Ă©tape encore Ă©tait en finition,
Depuis longtemps déjà , étant en gestation :
Premier rudiment de colonne vertébrale
Orientant Vie dans une voie capitale.
Les premiers vertébrés donnèrent des poissons
Certes très primitifs, mais c’était le frisson
Qui ouvrait un chemin aboutissant à l’homme.
Des ces humbles ancĂŞtres, descendant nous sommes.
La vie, à ce moment, a conquis l’océan.
Sont nés les principaux groupes d’êtres vivants
Qui ont acquis chacun leur niche respective
Pour subsister longtemps sans autre alternative.
Mais c’était compter sans cataclysmes majeurs
Qui périodiquement, survenaient, ravageurs.
Eruptions volcaniques, bolide géant,
Faisaient retourner presque la vie au néant.
Mais ceux qui survivaient reprenaient l’aventure
D’un cycle débouchant vers d’autres créatures.
Chaque fois le moteur repartait de plus belle,
En donnant chaque fois des espèces nouvelles,
Mieux adaptées à la survie, comme tempête,
Comme un grand flot submergeant tout, que rien n’arrête.
Devant cette marée, mer était trop petite
Pour contenir cette légion cosmopolite.
Temps était arrivé d’entamer la conquête
Des terres émergées, l’invasion était prête.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)