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     Le réveil - 6ème partie -
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Expéditeur Conversation
Clair Obscur
Envoyé le :  16/9/2007 1:03
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2007
De: Au-delà de la raison, au royaume de la poésie
Envois: 7391
Le réveil - 6ème partie -
Le réveil 6ème partie



-Aya, ma chérie Aya, réveilles-toi…mon Dieu aies pitié de nous ! Aya je t’interdis de m’abandonner toi aussi…qu’est- ce qui t’arrive ? Bon Dieu !
-Madame, je vous prie, ce n’est pas la peine de rester ici…allez vous reposer, votre fille reçoit les meilleurs soins possibles…
-mais elle est toujours inconsciente depuis trois jours, rien n’a changé ! … quand se réveillera-t-elle, docteur ? Je vous en supplie, dites-moi la vérité.
Avant de pouvoir répondre aux questions de ma mère terrifiée, un homme, élégamment habillé, franchi la pièce. Lui aussi est très inquiet, et il s’approche d’elle. C’est mon papa.

-C’est vrai ce que je viens d’entendre, Fatima ?
-Oui, Ahmed, elle va très mal, et je suis incapable de l’aider…
-Madame, je vous assure que l’état de votre fille est stable, il faut vous calmer sinon c’est vous qui irez mal…
-Que doit-on faire alors, docteur ? Intervient mon père.
-Rien, pour l’instant on doit la laisser se reposer, l’infirmière vient juste de lui administrer des médicaments pour stabiliser son rythme cardiaque et sa tension…jusque-là tout est normal.
- Pourquoi ne se réveille-t-elle pas alors ? demanda mon père tristement.
- je comprends parfaitement votre inquiétude, répond le médecin…personnellement, je pense qu’il s’agit d’un coma profond ou coma carus. Lors duquel le patient ne présente aucune réaction aux stimuli douloureux. Normalement le coma, qui signifie ‘sommeil profond’, est une abolition de la conscience et de la vigilance non réversible par la stimulation, après une lésion cérébrale traumatique ou pathologique. Mais votre fille ne souffre pas de ce genre de problème et son cerveau n’est pas endommagé.
- Cela est rassurant alors ? dit instantanément mon père
- Absolument soyez tranquilles puisque son corps est intact, il y aura de l’espoir. Jusque-là elle n’a pas eu de traumatisme qui puisse nous inquiéter après son accident ; mais le problème réside dans le fait que son esprit refuse de retourner à la réalité…je crois que quelque chose lui fait peur…
-Je sais ce qui l’angoisse docteur. Intervient ma mère
- Madame cela nous aiderait peut-être à mieux comprendre son état, c’est quoi ?
-C’est la mort de notre fils, elle n’a jamais pu accepter ce drame. Répond-t-elle d’un air abattu.
-vous devez la laisser ici, son hospitalisation en service d’anesthésiologie est indispensable pour assurer un suivi optimal. Les infermières sont entrainées pour ce genre de cas.

J’entends le claquement de la porte et je réalise que tous les trois sont sortis de la pièce en me laissant seule. J’ai beau essayé de leur parler, mes lèvres étaient colées l’une à l’autre comme si on me prive d’émettre le moindre bruit, le moindre son. Je les ai entendus depuis le début de la conversation mais je ne suis pas arrivée à leur parler, du moins à soulager les inquiétudes de maman, comme si un mur invisible nous sépare…Heureusement, la présence de mon père apaisera sûrement ses tourments.

Mon corps pèse des tonnes, je ne peux plus bouger. Même mes yeux, je n’arrive plus à les ouvrir…je sens et j’entends tout autour de moi, les piqûres qu’on me fait étaient dures à supporter, j’ai envie de hurler à cause de la douleur. Mais je n’y arrive pas, je suis prisonnière de ma paralysie. Et personne ne soupçonne que je suis tout à fait consciente dans ce corps impuissant et vulnérable.
Des jours et des jours passent et rien ne change. Je suis présente et absente à la fois dans cette chambre où j’aspire les odeurs désagréables des médicaments.

Les infirmières ont pris l’habitude de passer dans ma chambre pour discuter en pensant que je ne peux les entendre. Elles rigolent et discutent : l’une d’elles raconte ses soucis professionnels et émotionnels, l’autre se lamente d’une amie qui l’aura lâchement déçue, et une autre se sent navrée de me voir encore inconsciente, probablement à l’agonie…elles se demandent alors si je pourrai un jour me réveiller !

Toujours étendue sur le lit, je ne fais qu’écouter et sentir toute présence près de moi…ainsi coupée du monde extérieur, celui des vivants, je péris dans un étrange état de spéculation, toutes les choses qui m’obsèdent autrefois n’ont plus d’importance en ces moments d’impuissance. Comme si Dieu m’a donnée une occasion unique pour penser à lui, à sa présence. Je dis souvent que je suis seule, au fait je me suis trompée car Dieu est là pour nous, pour moi…Il faut seulement l’interpeler et le supplier…même si je dois mourir, je veux seulement parler à ma pauvre maman, une dernière fois avant l’ultime heure.

Les jours se suivent lentement, je ne pense plus. Je me suis retirée dans une profonde prière discrète, seul moyen qui me permet de supporter le vide dans lequel je suis entraînée. D’un moment à l’autre, je sombre dans un sommeil sans rêve, j’ai peur de ne plus pouvoir me réveiller avant de dire à dieu à ma famille.

Quelque chose d’atroce et d’indéfinissable me chatouille, je ne peux supporter cette nouvelle sensation dont j’ai perdu l’habitude. Tel un nouveau-né, je commence à prendre contact avec le monde par mes sens : l’ouïe, l’odorat et cette fois le toucher. J’ai beau envie de frapper cette mouche qui me picote le pied. Sûrement elle me considère la cible la plus inoffensive et la plus faible. Un matin pas comme les autres est perturbé par une envahissante et sournoise présence. Aussi mon cadavre s’offre sans résistance ni objection à cette créature nauséabonde. Je suis la proie idéale, exposée à ses humeurs et ses caprices lamentables et épuisants. Jamais je ne me suis imaginée devenir un jour la cible d’un tout petit insecte. Elle ne veut plus me quitter.

Dotée d’une intelligence infernale, elle sait très bien esquiver mes visiteurs, quand elle sent une autre présence elle s’enfuit ; elle se réfugie là où on ne peut guère la remarquer telle une créature pensante et constante. Mais lorsque je suis seule, elle n’arrête guère de m’assaillir. Cette brûlante sensation ne fait qu’augmenter. Parfois agréable, je l’avoue, puisque je constate que mon corps a repris certaines de ses fonctions, je suis dorénavant capable de sentir. D’autrefois je ne cherche qu’un moyen pour écraser cette maudite mouche. J’aimerai bien qu’elle me laisse tranquille.

Les visites de la mouche se font de plus en plus fréquemment autant que les membres de la famille et les amis. Apparemment elle défie mon handicap ainsi que toutes les tentatives d’hygiène appliquées dans cet hôpital. Ma soumission à cette désagréable présence est pesante. La mouche tourne autour de moi, en produisant un bruit agaçant et insupportable. Je suis sûre qu’elle me dévisage avec ses horribles yeux d’alien lorsqu’elle se tient toute fière sur mon nez.

Ce minuscule parasite n’arrête pas de chatouiller mes membres découverts avec ses pattes dégoutantes et piquantes. On dirait qu’elle demeure comme une assidue observatrice pour explorer le corps infirme qui périt devant elle sans se défendre. Grand Dieu Tout Puissant, mon enveloppe charnelle était soumise aux caprices d’une toute petite mouche, insignifiante et horriblement arrogante.

Un jour dès cinq heures du matin, elle est revenue comme d’habitude, hostile et bien décidée à m’empoisonner la vie. Elle me prive de dormir, j’ai beau tenté de bouger ma main pour la chasser. Malheureusement je n’y suis pas arrivée. Le temps passe comme un calvaire, ma peau me pique de plus en plus, surtout avec cette chaleur atroce de l’été et la sueur glacée qui coule sur mon corps comme les torrents d’une rivière.

A huit heures, j’entends les pas discrets du médecin et d’une infirmière. Ils se tiennent près de mon lit afin de vérifier ma situation actuelle en espérant un changement positif. Quand à moi, je mène toujours mon combat acharné contre la petite et minuscule mouche. Toutefois, je commence à sentir mes doigts. Immonde et cruelle, elle profite de ma faiblesse. C’est à ce moment que l’infirmière sursaute sous l’effet de la surprise :

- Docteur, elle vient juste de faire bouger les doigts de sa main droite !
- Es-tu sûre Nadia ? demande le médecin en retenant sa respiration.
- Certainement, croyez-vous qu’elle réagi finalement aux nouveaux médicaments par voie intraveineuse qu’on lui a donnée ?
- Espérons-le. Mais pour le moment vérifions le niveau de sa tension, son rythme cardiaque, et sa respiration … appelles les autres médecins, le cas de notre patiente est assez difficile, j’ai besoin d’être assisté ; fais vite Nadia !
- J’y cours docteur…

Les pas précipités de Nadia se font bourdonner dans ma tête, la joie me requinque et un soulagement fort apaisant me submerge. Finalement, je peux tuer la sale bestiole.


Aya
15-09-2007


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Sujet :  Expéditeur Date
 » Le réveil - 6ème partie - Clair Obscur 16/9/2007 1:03
     Re: Le réveil - 6ème partie - ramses 16/9/2007 7:57
       Re: Le réveil - 6ème partie - Clair Obscur 16/9/2007 16:36
     Re: Le réveil - 6ème partie - louveblanche 16/9/2007 22:29
     Re: Le réveil - 6ème partie - brigitte85 16/9/2007 22:37
       Re: Le réveil - 6ème partie - Clair Obscur 18/9/2007 14:51
     Re: Le réveil - 6ème partie - Amedyaz 23/9/2007 2:13

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