Plume d'or Inscrit le: 17/7/2007 De: POISSY YVELINES Envois: 1554 |
LES DEUX FRERES Ils avaient tous les deux grandi comme deux frères, L'un portait une barbe et priait Mahomet, L'autre, le vendredi, tourné vers Dieu le Père, Célébrait à son tour Jéhovah ou Yahvé.
Ils cultivaient chacun un petit bout de terre Et les graines poussaient, semblables, au printemps Lorsque le roi soleil, exauçant leurs prières, Déversait sans choisir ses rayons bienveillants.
Les enfants grandissaient et jouaient à la guerre Sans savoir que bientôt ils prendraient les fusils. Ils s'appelaient Simon, Farid, Sarah ou Claire Et n'avaient dans les yeux que des rêves de vie.
Ils aimaient le désert et comptaient les étoiles, L'un portait sur le front l'étoile du berger Et l'autre, trahissant dans sa voix quelques râles, Tentait d'exorciser l'étoile du passé.
Mais un jour, un soldat obéïssant, docile, Saccagea et détruit la terre et la maison, Sans savoir le pourquoi de cet ordre débile, De son voisin d'hier, il détesta le nom.
Et des pluies de canon et des larmes de pierres Remplacèrent les champs caressés par le vent. Des tentes ont poussé comme des cimetières, Et des enfants sont morts au nom d'un testament.
Et plus le temps passa, plus les chants de colère Montèrent dans l'azur dégoulinant de sang, Certains croyant porter, en martyr solitaire, La parole de Dieu, tirée droit du Coran.
Mais nul de l'autre vie ne connaît la réponse, Et la voix qui dicta tous ces textes sacrés, Devrait hurler parfois pour que l'homme renonce A faire parler son Dieu pour mieux assassiner.
Car ne sommes-nous pas dans la même galère ? Nos pas nous mènerons sur le même chemin. Pourquoi s'entretuer en se faisant la guerre ? La mort nous unira dans un même destin.
Plus de blanc, plus de noir, de juif ou d'islamiste, Aux portes de l'enfer ou bien du paradis, Nos âmes ôteront leur costume de piste Et nues, témoigneront simplement de leurs vies
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