Plume d'or Inscrit le: 17/7/2007 De: POISSY YVELINES Envois: 1554 |
LEVRES Caressées par les vents, grisées par les baisers, Avec le fil du temps, elles se sont usées Et racontent sans fin à qui veut bien entendre Des histoires d'amour qui ne sont plus que cendres,
Des romans dépassés que l'on ne connait plus, De nos jours, le baiser est un sous-entendu. Ah ! Si vous aviez vu ces lèvres à l'aurore, Etourdies de baisers qui réclamaient encore,
Surprises par la vie qui, du soir au matin, Mêlait tout à la fois l'amour et le chagrin, Quand la porte fermée sur des mots de tendresse, Les lèvres s'abreuvaient de ces restes d'ivresse.
Elles n'aimaient que sourire et chanter le printemps, Elles avaient la chaleur et la couleur du temps. Parfois, elles arboraient une frêle grimace Devant l'amour fané que la pitié remplace.
Si elles ont gémi sous le fouet du destin, C'est que personne alors n'a rassasié leur faim. C'est qu'un jour, le printemps laissant place à l'hiver A déposé sur elles un goût vraiment amer,
Et que vieillies, froissées, flétries par les années, Les baisers d'un ami, elles n'ont su trouver. Elles se sont perdues dans un flot de chimères, Ne pouvant oublier les amours de naguère.
A ces petits-enfants qui écoutent ravis, Elles content l'histoire amère de leur vie. - Dis, grand-mère, pourquoi tes lèvres sont mouillées ? On dirait que le sang coule sur tes regrets."
Lorsque elles partiront, sages, au coeur du silence, Refermant tristement la page d'espérance, Qui donc se souviendra que ces lèvres ont aimé, Lèvres qui ne seront que restes putréfiés ?
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