A douze ans c'était

La fontaine du village qui était embrassée par les lierres
Le canal au petit matin encore endormi sous les brumes
L'échelle pour aller piquer des cerises au père la Picole
Les jupes de ma grand-mère quand je me mouchais
Les confitures de fraises sur les tartines de pain de campagne
Et aussi le lait en bouteille de verre

Les femmes c'est toutes des cactus qui disaient les anciens
Les hommes c'est tous des coureurs qu'elles disaient les anciennes
Les feux de bois qui s'endorment secrètement dans la nuit
Les grilles du cimetière qui protégeaient les chrysanthèmes
Et aussi les mouchoirs plein de larmes

Le chat blanc qui dormait sous les volets bleus du café du village
Le canari jaune dans la cage qui rêvait d'être un aigle
Le facteur pas en cheval avec la lettre du premier amour
Les vaches en grève qui ne meuglent pas en voyant le train
Et aussi les chèvres qui ne ménagent pas les choux

Les premiers champs de coquelicots qui font de l'ombre au soleil couchant
Les nuits bleutées qui font couler beaucoup d'encre
Les matins dorés comme des croissants sortis du four
Le premier poème lu, le cancre de Jacques Prévert évidemment
Et un doux souvenir près du radiateur au fond de la classe
Et aussi un avion en papier qui vole vers la maîtresse

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la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann