Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
123 utilisateur(s) en ligne (dont 95 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 122

Cristal, plus...
Choisissez
Photos-0649.jpg
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     La fausse innocence
Enregistrez-vous pour poster

A plat Sujet précédent | Sujet suivant
Expéditeur Conversation
adn
Envoyé le :  24/6/2007 17:53
Plume de diamant
Inscrit le: 24/6/2007
De: Landes
Envois: 17432
La fausse innocence
La fausse innocence


Depuis que Bouboule fait partie de la famille, nous avons beaucoup de difficultés à conserver un jardin présentable. Chaque jour ou presque les massifs de belles de jour et les pelouses de kikouyou portent les cicatrices nouvelles de son activité d’inlassable fouisseur. Il doit y avoir une forte proportion de chien ratier dans l’ascendance de ce corniaud aux yeux jaunes, au poil raide, également jaunâtre à l’origine mais qui, depuis que cet animal couche sur le pavage de la terrasse, a pris une teinte tirant sur le rouge brique. Pour parfaire son portrait disons que sa truffe rose lui donne un petit air obscène et que l’intelligence ne semble pas être sa qualité principale, à telle enseigne qu’il faut vite s’éloigner dès qu’on a déposé devant lui sa gamelle, sous peine de recevoir un coup de crocs : Il n’a même pas la reconnaissance du ventre ! Pourtant la vue de ce bâtard poursuivi par les cris et les pierres d’un groupe de petits Arabes a ému le cœur de notre fils Yann. Il a couru dans la rue, a pris le petit chien dans ses bras et l’a ramené à la maison. Puis il nous a imposé l’adoption de celui qu’il appelait déjà son ami Bouboule.
En fait le plus dur pour Yann ne fut pas de nous arracher notre consentement mais bien plutôt d’obtenir l’accord tacite de Kouki, notre spécialiste familiale en matières de chiens. Ayant été adoptée elle-même il y a déjà quelques années, Kouki, ou ne devrais-je pas dire Kouki 2 – la première, sa propre sœur, nous ayant été volée au bout d’une semaine – était et est toujours la maîtresse incontestée des lieux. Je dois à la vérité d’ajouter que son règne a subi un indiscutable déclin lorsque Jean-Jacques nous a confié la garde de Pupuce. Jean-Jacques était colon dans le bled à quatre-vingt kilomètres de chez nous et Pupuce un énorme matou noir. La reprise des terres par le gouvernement marocain ayant entraîné le départ sans armes ni bagages de notre ami et de sa famille, son chat ne pouvant le suivre en France dans l’appartement qui serait son gîte pour plusieurs années, était devenu chez nous le maître de la maison. La truffe de Kouki en garderait longtemps la trace, et la méfiance de notre chienne à l’égard du chat noir serait profonde encore que de courte durée. De courte durée car Pupuce au bout de quelques semaines, s’était révélé un joyeux compagnon, se cachant derrières les buissons pour surprendre Kouki et Bouboule qui se lançaient alors dans une poursuite effrénée derrière lui… Et puis surtout parce que Pupuce a disparu : un beau jour on ne l’a plus revu. S’est-il mal acclimaté à la vie citadine, lui le blédard ou a-t-il fini ses jours sous les roues d’une automobile ?
Quoiqu’il en soit, Bouboule depuis son arrivée fait des trous dans le jardin et je dois le corriger en lui mettant le nez dans la terre fraîchement remuée, et reboucher les trous presque chaque jour. La pelouse parsemée de tâches brunâtres là où le kikouyou n’a pas encore repoussé, ressemble un peu à la peau d’un martien atteint de la rougeole. Chaque fois que je gronde Bouboule, Kouki grogne après lui et dès que je le lâche, lui administre elle-même une correction. Le pauvre bâtard qui n’a pas le droit d’accès à la maison, car il s’oublie sur les tapis chaque fois qu’on l’y laisse entrer, se sent d’une caste inférieure à celle de notre chienne, puisque cantonné au jardin alors qu’elle trône au salon où elle a son coussin… Aussi n’ose-t-il pas se rebiffer devant l’autorité de sa congénère mais s’enfuit-il en piaillant retrouver son coin de terrasse rouge brique en essayant d’éviter les coups de crocs…
Si encore Bouboule creusait pour enterrer des os, je comprendrais ce travail de sape même si je ne l’approuvais pas. Mais non, il paraît creuser sans but et cette dépense d’énergie, pour un travail de terrassement inutile, semble tellement incompréhensible à notre jardinier qu’il a surnommé le chien « El Mok » (le fou ) et qu’il me conseille de m’en séparer au plus vite. Ce n’est certes pas l’envie de suivre ce conseil qui me manque, mais Yann n’est pas prêt à donner son adhésion à un tel projet, aussi nous résignons-nous à vivre en permanence dans ce qui ressemble plus à un parcours de golf miniature, avec trous et bunkers, qu’au gracieux jardin à l’anglaise qu’avait rêvé mon épouse.

Hier, nous déjeunions chez des amis et il nous a fallu laisser les chiens dans le jardin. Avant de partir nous nous sommes penchés sur Bouboule pour lui recommander une dernière fois, avec menaces à l’appui, de respecter les fleurs et le gazon. Le plus simple aurait été évidemment de l’enfermer dans la maison, mais sa fâcheuse propension à lever la patte sur tout objet vertical, y compris les pieds de fauteuils et de tables – il a même une fois arrosé la jambe de mon pantalon ! – nous a empêché d’utiliser cette parade. Nous sommes donc partis, peu rassurés sur ce que nous trouverions à notre retour. L’ambiance de la réception, la chaleur de l’amitié et celle, artificielle, procurée par le vin de Boulaouane, nous ont vite fait oublier nos inquiétudes. Nous avons dégusté un délicieux repas, à l’ombre d’une tonnelle de bougainvillées en fleurs, entourés d’amis que nous avons toujours autant de plaisir à revoir. L’après-midi s’est écoulée comme un rêve et nous n’avons pas vu le temps passer. Ce n’est que lorsque des invités font leurs adieux que nous réalisons qu’il est largement l’heure de remercier nos charmants hôtes et de prendre congé. Sur le chemin du retour, tout heureux de cette bonne journée, nous échangeons nos impressions et nous félicitons d’avoir pu nous rendre à cette agréable réception.



Le soleil est déjà bas lorsque nous arrivons devant notre villa. La rue est calme et nous entendons parfaitement en descendant de voiture, la joyeuse bousculade que font nos chiens, derrière le portail du jardin, pour nous accueillir. Une fois la porte ouverte, le spectacle que nus découvrons nous arrache un «oh ! » De surprise et de colère. Au beau milieu de la pelouse, le massif d’anémone, objet des soins attentifs de ma moitié et du jardinier, est entièrement dévasté. A sa place, un énorme trou semblable à un terrier de renard s’enfonce profondément en biais dans le sol. Des restes de plants de fleurs et de kikouyou jonchent la pelouse, mélangés à la terre rougeâtre qui trace une longue traînée colorée sur le gazon épargné.
« Viens ici, sale bête » crions-nous à l’adresse de Bouboule. Celui-ci qui, agitant son arrière train de façon grotesque, venait chercher les caresses de son maître, se voit tout à coup bousculé et poursuivi par Kouki dont les grognements et les claquements de mâchoires ne présagent rien de bon. Bien décidés à fouetter l’incorrigible fouisseur, nous nous précipitons à la poursuite de nos chiens que nous arrivons à immobiliser dans l’entrée de la maison. Je m’apprête à lever la main sur Bouboule quand l’aspect de son museau et de ses pattes absolument propres me posent soudain un problème : Comment cet animal a-t-il pu creuser et garder les pattes si nettes ? La réponse me vient de là où je ne l’attendais pas, sous la forme d’un cri de surprise de ma femme. Elle me montre Kouki dont la truffe porte un épais enduit de terre rouge et dont les griffes des pattes antérieures disparaissent dans une gangue de glaise.
Qui a dit que les animaux ne sont pas menteurs ? Forte de sa position hiérarchique supérieure, dans le clan familial, Kouki voulait faire retomber sur Bouboule la faute qu’elle seule avait commise, et elle nous avait joué avec aplomb la comédie de l’innocence indignée…….
adn


----------------
Le Maroc à quatre mains . Recueil peintures de Micam et poèmes d'Adn.
Couleurs et mots en osmose. Recueil peintures Micam et poèmes d'Adn.
Connivences. Recueil peintures de Micam et poèmes d'ADN.
AXELLE AUTOMNE, HIVER roman par Micam (mon ...

A plat Sujet précédent | Sujet suivant

Sujet :  Expéditeur Date
 » La fausse innocence adn 24/6/2007 17:53
     Re: nouvelle anonyme 24/6/2007 23:18
     Re: La fausse innocence Soliane 6/7/2007 17:54
     Re: La fausse innocence Andy_doll 7/7/2007 9:09
     Re: La fausse innocence Honore 7/7/2007 11:48
       Re: La fausse innocence virgule 9/7/2007 10:44
     Re: La fausse innocence anonyme 17/7/2007 20:45
       Re: La fausse innocence anonyme 20/7/2007 19:38
         Re: La fausse innocence pilou 22/7/2007 14:14
           Re: La fausse innocence adn 22/8/2007 12:29
             Re: La fausse innocence cyrael 19/1/2016 10:26

Enregistrez-vous pour poster