Rêves antiques
Les felouques voguaient, gonflées de promesses
Le fleuve roi déjà déversait ses largesses
Arrivées d'Orient et de la Haute Egypte
Une Egypte imbibée des récoltes prochaines.
J'étais scribe, je gravais toutes ces richesses
Sur le fût de piliers narguant de leur altesse
Les sommets écrasés de l'ambition humaine
Eternité figée dans la pierre magnétique.
Les filles du Delta, prodigues en caresses
Confiaient au vent léger des mots de tendresse
Répétés par l'écho aux accents érotiques.
Athènes ! rêve d' Athéna de l'Olympe, en furie
Arès ne fut pas seul à planter sa banière
La colérique Héra pleine de jalousie
Aphrodite la belle à la plastique incendiaire
Appolon écrivant des lettres enflammées
Et sa soeur Artémis esseulée qui chassait.
Puis j'ai rêvé Rome, ivre de sa puissance
Des palais orgueilleux qui couvraient le Latium
De marbre, de bijoux, de folle décadence.
L'Empire tout entier, sesterces et forums
Par ordre du Sénat et de César Auguste
Fleurissait à l'ombre d'un seul et même buste.
J'étais un centurion courant après la gloire
Aux fêtes de Bacchus, je suis allé, dilettante,
Riant des facéties de Pan et des Bacchantes
J'errais dans les Thermes aux banquets d'atrium
Et me laissais bercer par des vins bleus et noirs.
©Jacques BASCHIERI
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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent