Elle attend juste là , cachée dans ce poème,
Où des vers de passage, au rythme chrysanthème,
Tombent à mes genoux : lisez moi jusqu’au bout !
Je veux bien y passer mais quel jour sommes-nous ?
Regarde-moi, petite tombe, as-tu gravé déjà le nom... de cette bouche qui succombe à l’autre bout de l’horizon ?
Les bras en croix comme un appel : ô si belle inconnue, partons ! Dessous la terre ou dans le ciel… Ailleurs… Et si je disais non ?
Encore à faire ici - L’amour ! - au grand besoin de ma mémoire; voleront-ils à mon secours juste avant qu’il ne soit trop tard ?
Je vous ordonne de pleurer, dès à présent… À vos mouchoirs ! Que reste-t-il à épargner sinon la pluie de vos regards ?
Elle attend goulûment que la fin prenne vie;
Ce jour où je suis mort, l’ai-je déjà écrit ?
Une date patiente… On observe, en prière,
Quelques chiffres manquants incrustés dans la pierre.
C’est ainsi que déjà , je fais partie de vous,
Que mon rire amoureux s’étale sur vos joues,
Comme une cicatrice à même d’avaler
Tout l’air que nous avons, ensemble, respiré.
Ensemble, à tout jamais, éblouis en ce lieu,
Celui dont les vivants gardent au fond des yeux
Pour se laisser couler, un matin de printemps…
Arrosant en chemin les fleurs de mes enfants.
Mon amour… Profitons… À toi, je peux le dire :
Elle m’a prévenu qu’au moment de partir,
Le vingt-et-un avril deux-mille-trente-trois,
Des chiffres retrouvés orneront cette croix.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.