Sur le bord du grand lit, où tranquille, tu dors,
Moi, je veille en tremblant, j'ai mal dans tout mon corps.
A peine je respire, à peine bat mon cœur,
Dis, qu'as tu fait de moi ? je ne suis plus que pleurs.

Des pleurs, érubescents*, où se perdent mes nuits,
Des pleurs, à l'intérieur, qui étouffent mes cris,
Des pleurs, silencieux, que le chagrin cadence,
Des sanglots, à crever, les yeux de l'espérance.

Depuis longtemps déjà , tu me tiens prisonnière,
Il faut que cette nuit ,enfin, je me libère.
Je vais tenter ma chance , oui ,ce soir c'est la fin,
Avant qu'il soit trop tard, je vais courir...très loin !,

J'ai fini de t'aimer, je m'en vais, je m'enfuis,
Fini de sursauter au moindre de tes cris,
Fini, de retenir mon souffle, et de me taire,
Je vais courir, courir, jusqu'au bout de la terre!

Sur le bord du grand lit ,où, tranquille, tu dors,
Moi, je veille en tremblant, j'ai mal dans tout mon corps.
Dis qu'as-tu fais de moi ? je porte comme un poids,
Tant de jours, tant de nuits, tatouer par tes doigts!

Victime trop souvent de ton sombre caprice
Je ne suis qu'un objet, offert en sacrifice.
J'ai peur, peur, de demain, de tes prochaines crises,
Peur qu'à trop me serrer, en tes mains tu me brises !

…..................

J'ai bien cru t'échapper ! j'ai lutté un instant ,
Sur le sol carrelé, je glisse maintenant ;
Je ne résiste plus , tu m'as mise à genoux
Je suis livrée ,entière, aux fureurs de tes coups.

Mon crâne a explosé ...lentement tout s'éteint.
Ainsi donc se fini mon terrifiant destin!
Sur ma lèvre éclatée un goût de froid métal
Me dit que la mort vient, et m'ouvre son chenal.

Vais-je, dans l' eau profonde, accéder sans effort
A l'éternelle paix qui habite son port?
Je m'abandonne enfin au courant qui m'emporte...
J'ai fini de souffrir, me voici bientôt morte !

Je lâche cette corde où s'agitait ma vie
Oui, je quitte l' enfer bestial de ta folie
J'ai fini de t'aimer, j'ai fini de souffrir
Je vais rejoindre au ciel, les saints et les martyrs!


* érubescent :Qui rougit, devient rouge.

-Rosaly- Juin 2023