Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: Envois: 3485 |
INQUIETUDE
INQUIÉTUDE
Ça fait un bail que je n’ai vu Lucien. Lucien, c’est mon copain ; on a usé nos culottes sur les bancs de la même communale. On n’habite pas tout près, mais on correspond. On se téléphone de temps en temps, et depuis deux ans on se fait des grimaces par Skype interposé. Pris dans le tourbillon de multiples activités, je m’aperçois un peu tard qu’il semble aux abonnés absents. Phone : y a pas d’abonné… N° non attribué… Adresse mail invalide. J’use même du stylo pour lui demander des nouvelles. Toujours sans réponse… Trois mois quand même c’est bizarre. On peut penser qu’il a ses raisons de faire le mort, mais pas moi. Je m’inquiète et, ce samedi, j’ai pris la route pour Mende. Actuellement, il habite au bout d’un hameau perdu dans la campagne. Je n’y suis jamais allé, mais avec Monsieur GPS, un chemin de terre m’amène à bon port. Une maison a la toiture pentue d’ardoise à la lisière des sapins. Je monte l’allée. La porte est close mais les volets sont ouverts. Est-ce chez lui ou une location ? L’intérieur est meublé mais dans la pénombre. Je vais chercher ma torche à Led’s pour y voir mieux. Surprise : tout indique que ce logis est, ou plutôt a été occupé car les meubles et le sol sont poussiéreux. Je fais le tour de la maison. Le garage est fermé et la grange montre un bûcher bien garni. Dans l’abri grillagé prévu à cet effet, deux bouteilles de propane sont couvertes de toiles d’araignée. Sale impression que j’ai. Je suis oppressé. Le plus proche voisin est à deux kilomètres. Je vais voir. La réponse de l’agriculteur est laconique : Ouais, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. Mais on se voyait rarement, un vrai sauvage, ce type. Je suis de plus en plus inquiet, car je sais que ces derniers mois, Lucien partait à l’étranger pour des missions plus ou moins officielles ? En fait, je le soupçonne de travailler pour la DGSE, bien qu’il n’en ait jamais rien dit. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de fâcheux ? C’est égal, j’ai une boule dans le plexus et je me résous à faire un signalement à la gendarmerie de Mende. Suivant le type de réponse, j’aurai une idée de ce qui se passe. Pas optimiste, Mézigue. On a partagé trop de choses pour que ça se termine par : chacun sa route, chacun son chemin.
Parceval
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