BONNE ANNÉE


Il y en avait qui n’étaient pas très aidés, ce soir de réveillon : Travailler jusqu’à 17 heures 30, alors que la majorité avait débrayé bien plus tôt et avait pu se préparer et bien organiser sa soirée. Le prendre bien ou mal, c’est égal, c’est comme ça. Ils s’égayent comme une volée de moineaux dans les rues scintillantes d’illuminations. Certains font leurs dernières emplettes dans les rares commerces encore ouverts. Eh oui, finalement, il y en a encore des moins chanceux qui ne réveillonneront pas ou très tard.
Armelle achète un gros bouquet architecturé autour d’une magnifique rose rouge. Elle sait : grand’mère Ernestine va adorer ; elle saute dans le bus qui l’amène dans le quartier du port : c’est là qu’elle réside dans un grand loft au dernier étage d’un bloc triste, mais avec vue sur la rade et les bateaux et une terrasse sur le toit où l’on peut se dorer au soleil.
Enfin, pas ce soir ! Ce soir, c’est tous avec Mémé. On va faire la fête, famille et copains. C’est l’avantage de ces vieux immeubles quasi abandonnés en bordure des docks. Pas de risque d’embêter les voisins ! Agapes et orgie de musique. Et à minuit : black-out. Les bises sous le gui et furtives étreintes en regardant les feux d’artifice colorant tout le ciel. On se souhaite tout le bien en gros bouquets de vœux…
Mais qu’est-ce donc là-bas qui se balance au milieu des fusées, soudainement révélé par le rayon des projecteurs ? Une baudruche énorme oscille dans le vent. A la surprise succède les rires qui se répercutent au loin. Ils l’ont fait ! Ils l’ont fait ! La chose qui se balance au bout des câbles c’est une vache rousse débonnaire aux mamelles généreuses dotées de pis énormes sur laquelle on peut lire de fort loin : Happy nouille ! Happy nouille ! Mémé en bégaye : Ah ça ! Ah ça !
Non l’humour n’est pas mort : ce sera l’année de la vache folle !...

Parceval