Par un long soir d'hiver près de la cheminée,
Encore une nuit, seule à me désespérer,
Ressasser un passé qu'il me faut enterrer
Loin des songes actifs de ma mémoire innée.

Mais dites-moi comment chasser de mes esprits,
Ce qui rendit hier une âme inconsolée :
Autant de souvenirs qu'une voûte étoilée
Contient de gravillons ocrés et d'orfévris.

Il avait les yeux teints de ma sombre existence
Mais son sourire était un rayon de soleil
Éclairant en forêt mon jeune cœur pareil
À l'arbuste qui meurt sous un chêne trop dense.

Il suffisait d'un nom, sa main contre mon corps
Pour que mon esprit court aux méandres des rêves :
Nos doigts entrelacés et nos pas sur les grèves
Sous le regard ami des cieux émaillés d'ors,

Lui murmurer ces mots évadés de mon être
En oubliant mes peurs, lui donner un baiser
Et lui tendre un parfum pour me l'apprivoiser ...
Que dans une autre vie il me fasse renaître.

Un triste soir d'hiver avec le désarroi
De ce secret pesant dans mon âme damnée,
Ainsi se passera toute ma destinée
Et je l'emporterai dans la tombe avec moi.