Madame,
Vous m'avez laissé boire à la sombre fontaine
Le sang de mes rejets... et je m'y suis soûlé.
Vous m'avez approché du frottoir de la haine,
Y craquant mon image... et je me suis brûlé.
Vos désaveux de mère ont exilé ma vie
Vers ces ressentiments, geôliers de mon enfance
Et j'ai cueilli les pleurs de ma sourde ironie
Pour arroser les fleurs de mon intolérance.
Même si tu m'as fui en perdant mes sourires,
Aux instants de mes peurs où j'ai eu ces besoins,
Mes pensées t'embrassaient en mille éclats de rires…
Au milieu de ces pleurs où je serrais les poings,
Noircis des coups donnés par mes premiers délires.
Monsieur,
Tel père, tel fils. J'ai peur ! Je n'ai plus rien en moi,
Les bourbes de mon âme ont rejoint vos reflux.
Alors je vais crever les abcès de ma foi
Pour assainir les plaies de vos tristes refus.
Hier, j'étais de vous. Aujourd'hui, de personne.
Sans aucun avenir, même en préfabriqué.
Je ne perçois de vous qu'un souvenir aphone,
Qui doit me reconduire où vous m'avez trompé.
Pourrais-je un jour sans nuit, de mes yeux sans soleil
Apprendre à mes enfants cet amour en sommeil
Prisonnier de mon cœur en ce futur transi,
Avancer avec eux jusqu'au bout de nos vies ?
- Arteaga.