Au soir où elle rentrera...



Ses mains ridées à essuyer les larmes de ses décennies
Aux morsures d’espoirs confiées aux étoiles de ses nuits
Sur l’océan de ses cauchemars elle dérive sans lendemain
Aux méandres de la mémoire, il n’ y a t-il qu’un seul chemin

Au bateau chimérique cherchant toujours l’ancien rivage
Le livre de sa vie retourne toujours aux premières pages
Si seulement un soir...Sa terre là-bas derrière l’horizon
Doux songe où elle rentrera vêtue d’un voile d’émotions

Sous ses paupières vit le sable brûlant de son enfance
D’une canne en soutien ses pas ne seront que délivrance
Fin de l’errance pour s’endormir à jamais près des ancêtres
Sous l’arbre des croyances vivant à la sève du mot...Être

Elle puisera à la source d’hier l’encre écrivant son destin
Se recueillera pour ensevelir les pleurs d’un exil au matin
Elle écoutera les vieilles pierres lui murmurant le passé
S’allongera sur le sol de sa naissance...Celui des oubliés

Au filet de ses angoisses ce n’est qu’un rêve s’évadant
Kaléidoscope d’images effaçant la douleur du présent
Une prière éternelle...Revoir son pays une dernière fois
Et crier sur le toit du monde...Ce soir je rentre chez moi 

Là-bas où le temps est suspendu...Où sa vie ne respire plus
Là-bas où son âme s’est ancrée...Petit bout de terre perdue
Des maux au silence d’elle au petit jour alors se sont tus 
A elle qui de son vivant là-bas n’est jamais revenue…

«  Portrait de femme »

Romane.