BROUILLARD

Qu’il est bon quelque fois d’être au cœur du brouillard,
De ne pas voir trop loin, ni devant, ni derrière,
Et de ne pas savoir si on est en enfer,
Ou bien au paradis car on n’est nulle part.

Et quand il est givrant, il est plus savoureux,
Qu’un sorbet au citron. Chaque idée devient glace,
Où mon âme patine en choisissant sa place :
Tout au fond de mes yeux, près de mes pleurs frileux.

Et tout est immédiat. Mon bonheur et ma peur,
Mon rire et puis ma larme inventés pour mourir,
Juste après être nés sans aucun souvenir,
Et sans aucun projet sans minute et sans heure.

Aveugle et même sourd, je suis le firmament,
Qui m’emmène vers là où c’est l’instant présent,
Qui règne sans partage où le roi c’est l’enfant,
Car c’est bien lui le seul qui vit comme le vent.

Et le brouillard efface « Il était une fois… »,
Des contes d’autrefois qui ont lieu aujourd’hui.
L’histoire a disparu car le passé a fui,
Je ne réfléchis plus car je n’ai plus de choix.

Et tout revient d’un coup car le brouillard s’en va,
Les souvenirs ; demain ; la foule autour de moi,
Quel chemin emprunter ?, « il était une fois… »,
Car le brouillard s’en va, là-haut et au-delà.
Jib