Au bout de plusieurs années civiles aux premiers de l’an innombrables, je m’aperçois que :
Ceux auxquels j’avais omis d’écrire afin de me livrer à cette délicate cérémonie rituelle que sont les vœux, ont eu une année ni meilleure ni pire que ceux auxquels j’avais consciencieusement mandé mes vœux les plus sincères. Certains se sont trouvés malades, d’autres disparus. D’aucuns, en bonne santé, ont dû faire face aux problèmes inédits posés par des enfants adultes que l’on aurait espéré plus émancipés et moins créatifs dans le négatif.
Très décevante cette inefficacité, au siècle de la rentabilité à n’importe quel prix. On pourrait aussi penser que ce sont mes vœux qui sont en cause.
Non, ceux qui m’avaient envoyé leurs souhaits, n’ont pas empêché que j’y voie de moins en moins et que certains de mes proches me posent des problèmes que l’âge me rend de plus en plus difficile à “gérer”. Sans compter que la mise en route du matin m’emplit de chagrins rhumatismaux.
Vers dix heures, ça va mieux, merci. Donc, je vous souhaite une bonne santé.
J’ai déjà reçu des vœux prêts à porter créés à cet effet pas les serveurs, fort amusants, je dois avouer. Également des vœux personnalisés, accompagnés par des photos de bambins souriants et tout mignons : les fiers parents sont loin d’imaginer ce que certains de ces doux agneaux imagineront plus tard, et que du stade craquant, puis à croquer, il pourrait leur arriver de devenir insupportables.
Donc je souhaite que vos descendants vous apportent tout ce que vous auriez voulu réaliser sans oser le demander.
Les ascendants nous étonnent par leur résistance et leur longévité. Pas tous, malheureusement.
Donc je vous souhaite de pouvoir leur offrir encore longtemps le bonheur que vous avez représenté pour eux, malgré les frasques de certains…J’en connais...
Ceux qui me connaissent bien vont penser que je suis devenu pessimiste ?
Non, je suis un optimiste qui commence à acquérir de l’expérience. Et à passer à l’opposition.
Le raz de marée de l’émail a supprimé la boîte aux lettres. Néanmoins, quelques cartes nous sont tout de même parvenues ; de nos contemporains, il faut dire : en refusant le progrès, ils s’épargnent beaucoup de bugs, de virus et de temps perdu.
Ces vœux ne sont assortis d’aucune obligation de résultats, et ne font pas l’objet d’un bilan critique ni même d’un “débriefing”.C’est déplorable.
Que vos vœux soient donc réalisés sans modération.
Peut-être devrait-on, comme en entreprise, les lier à une évaluation des résultats, les assortir d’une prime d’objectifs, et de sanctions pécuniaires dans le cas d’objectifs non atteints.Et pas de parachute doré !
Pour être sérieux, je suis devenu récemment un ferme partisan de ces vœux, quel que soit le média choisi. Même si leur efficacité demeure douteuse, ils permettent, au moins une fois dans l’année, de montrer aux amis qu’ils existent, qu’on les aime, qu’on a besoin d’eux parce qu’ils font un peu partie de nous, et pour beaucoup, depuis des années. Vous êtes un peu ma mémoire. Merci.
Cela va sans dire, mais c’est encore mieux en vous le disant. Et c’est l’intérêt du rituel.
Bien sûr, les messages transférés à longueur d’année ont surtout rapproché les accros de l’Email-aux-pièces-jointes, pas toujours heureuses, mais qui entretiennent un lien virtuel bien réel.
La communication se porte bien mieux que du temps de ma verte jeunesse. Et je profite de ces moyens nouveaux et inimaginables pour ma génération, bien qu’imaginés par elle. Oui.
Conservez-vous bien pour que nous puissions échanger longtemps ensemble.
Mes meilleurs vœux pour 2022, tout de même. A tout hasard.

Jacques BASCHIERI dit Vinicius

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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent