Petite fleur de pluie, fille de gens d'argent,
Dans ton palanquin d'or tu vas vers un amant,
Grand homme à la peau creuse, à la face lunaire,
Homme d'argent aussi, comme l'était ton père.

Petite fleur de pluie, soupir de jeune fille,
Enfance tôt finie, tu as rangé tes billes.
Le palanquin se meut, te drossant droite et gauche,
Te mène à ton naufrage, te mène à l'heur de fauche.

Petite fleur de pluie, dans un froid de tempête,
Il te fit femme et mère sans que tu ne sois prête.
Il glissa dans tes larmes les râles de l'amant ;
Il glissa ses mains roides sur ton corps de douze ans.

Petite fleur de pluie, les printemps ont passé.
De tes mains affermis que le temps parchemine,
Tu brodes l'or du sud au palanquin doré.
Un sourire te ride. Le palanquin chemine.