Il faut faire du chiffre, des statistiques,
Du quantifiable, de l’inqualifiable,
Pour cela, enduire les pratiques
De vocables affables,
Mais synthétiques.

Il faut dénombrer, et tant pis pour la pondération,
L’humanité doit perdre ses variations.
Il faut décompter la vie, rester sourd à l’émotion,
La réalité doit se mettre au diapason.

Il faut jouer sur les impressions,
Manipuler les nations,
Réveiller les pires pulsions,
Endormir la raison.

Il faut faire du chiffre, de l’hypnotique,
Du mesurable, du comptable,
Pour conduire à l’art du politique,
De l’honorable, au méprisable,
Aux discours cyniques.

Il faut leurrer le peuple, et tant pis pour la raison,
Le chiffre est la maîtrise de la réaction.
Il faut étouffer l’esprit, jouer de la manipulation,
Planter les griffes de la dépression.

Il faut faire du cran, des encoches, des battons,
Arrêter les gens pour amener la désolation.
Il faut qu’ils aient peur, qu’il y ait des frissons,
Que tous les moments soient une prison.

Il faut faire du chiffre, c’est stratégique,
Le dirigeable doit être instable ;
Pour la gifle donnée au démocratique,
Le sable jeté par les notables
Devra être chimérique.

Il faut tromper le jugement par des questions,
Orienter les votants dans leur décision.
Il faut dompter l’inconscient, sa déraison,
Donner au sang, une suite et une raison.

Il faut du vent, des chiffres à foison,
Donner au temps, une froide saison,
Faire peur, éliminer la compassion,
Produire l’erreur pour être la solution.

Il faut faire du chiffre, c’est la tactique
Des dessous de table insaisissables.
Il faut qu’ils suivent ma voix tyrannique,
Inavouable, infréquentable,
Démagogique.

Il faut multiplier les crimes, c’est ma mission,
Dominer grâce à la vermine la population.
Il faut créer des victimes, inventer des polissons,
Maîtriser les rimes qui rêvent de libération.

Voilà la recette pour être président des cons :
Leur tourner la tête, avant la pendaison.
Il faut être bête pour oublier la communication
Qui fait ses emplettes dans la confusion.

Allover