Derrière une porte en sommeil...
Derrière une porte en sommeil…
Derrière une porte en sommeil dort un grenier
Opaque et figé… Un jour le temps s’est arrêté…
Des poutres vermoulues portent le poids de la solitude
Un plancher gémissant fend le silence de la décrépitude
Se balancent à leur gré sur leurs toiles quelques araignées
Un rai aventurier traverse la pièce par un carreau brisé
Au visage de porcelaine une poupée immobile attend
Les yeux clos peut-être la venue soudaine d’un enfant
Un cheval à bascule à l’arrêt délivre sa peinture ternie
L’ourson le ventre au vent aimerait recevoir un fil ami
Comme jadis aux bras d’une fillette les soirs de pleurs
Etant sa peluche de cœur dans un réconfort de douceur
Un long voile de mariée jauni par les décennies
S’enroule autour du mannequin d’un hier blanchi
Une horloge en apnée a stoppé les heures, les années
Dehors le calendrier a continué d’égrener à la volée
Là se repose un fauteuil de cuir à la peau fanée
D’une couleur automnale hier la cire il sentait
Tout près de lui une malle trône ici fière et altière
Au bois noble sous son gris manteau de poussières
Dedans bien serrés des mots d’amour à l’encre bleu
Quand l’avenir dessinait un sourire au coin des yeux
Des feuillets parfumés de roses qu’elle avait noircis
Au fil de ses rencontres, de sa vie ou de ses envies
Dentellière le jour devenant au soir une brodeuse de vers
Voyageant aux ailes du monde…Au vent de l’imaginaire
Ecrivant en secret sur un banc sous un ciel qui l’illumine
Si longtemps déjà sous le mauve encensé de la glycine…
Romane