Je vois défiler tant de gens
Qui parcourent notre beau monde,
Des plus simples aux exigeants
Auxquels il faut que je réponde.
Du cœur de la France profonde
Ou de quelque endroit familier,
Une curieuse foule abonde
Dans les chambres de l’hôtelier.

Je connais les besoins urgents
Lorsque la vie est trop féconde,
Les imprévus des négligents
À la tête qui vagabonde.
Quand la clientèle se fonde
Tout au long de chaque escalier,
On formerait presque une ronde
Dans les chambres de l’hôtelier.

Je sais les rendez-vous changeants
Avec l’amour coquin qui fronde,
Quand mes yeux se font indulgents
Dessous ma candeur pudibonde.
Le faux couple se dévergonde
Dans mon cocon hospitalier.
Cupidon s’emplit de faconde
Dans les chambres de l’hôtelier.

Princes, courant la mappemonde,
Voyez le merveilleux geôlier
Quand la morale est vagabonde
Dans les chambres de l’hôtelier.