Quand je deviendrais vieux
Aurais-je encore les mots
Pour parler de mon mieux
De c’que j’ai dans la peau

D’la colère qui me ronge
Des hommes qui s’amusent
A noircir mes songes
Du sang des pauvres muses

Ce besoin d’m’insurger
Contre les injustices
Et d’ceux qui ont osé
Creuser le précipice

De mon dégoût des hommes
De ma misanthropie
Voleurs de tartes aux pommes
Maquilleurs d’paradis ?

Quand je deviendrais vieux
Aurais-je ce goût exquis
Des poèmes poussiéreux
Au grenier nostalgie

Du soir d’été qui tombe
Sous la ligne d’horizon
Le vol d’une colombe
Par-delà la maison

D’mon arbre dans la cour
D’l’école pas si primaire
Le point de non-retour
D’une vie épistolaire

De mes passions perdues
Pour les dinosaures
Archéologue déchu
Par faute de trésor ?

Quand je deviendrais vieux
Aurais-je toujours si peur
Des gens bien trop sérieux
Jamais de bonne humeur

Des donneurs de leçons
Qui t’apprennent à penser
Comme tous les moutons
Qu’le chemin est tracé

Direction l’autoroute
D’une vie à sens unique
Semaine de banqueroute
Dimanche pathétique

Pour enfin débarquer
Lors du terminus
L’âme froide et vidée
D’une vie d’autobus ?

Quand je deviendrais vieux
Si un jour, j’y arrive
Pourvu que dans mes yeux
Coulent encore les eaux vives…

Loïk Perrin

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