Plume de platine Inscrit le: 12/12/2005 De: Cévennes (France) Envois: 2670 |
Dieu et le nouveau Déluge (Fable)
Dieu et le nouveau Déluge
Depuis quatre mille ans, Dieu s'était accordé Quelques temps de repos au fond des Voies lactées, Abandonnant la Terre aux Hommes, à leurs vices, Espérant qu'adviendraient bonté, amour, justice... Hélas ! A son retour, il dut bien constater Que l'Homme était ainsi, que rien n'avait changé. "C'est bien pire qu'avant !" soupira la Grand Juge. Et il se résolut à un autre Déluge. Avec beaucoup de peine, ayant beaucoup cherché, Au fond d'un trou perdu il trouva un Noé ! Un brave homme, un vieillard, un ravi, un poète, Vivant au fond des bois comme un anachorète. C'était le parfait artisan Qu'il fallait à Dieu sur le champ. "Mon Fils ! dit l'Esprit Saint au brave patriarche, Comme autrefois Noé, tu vas construire une Arche Pour pouvoir embarquer des couples d'animaux, Quelques couples d'humains, et les sauver des eaux ! J'en ai plus qu'assez de la Terre De ses mensonges, de ses guerres, De son argent devenu roi Que l'on révère plus que Moi ! Pendant quarante jours, pendant quarante nuits Il va pleuvoir à seaux. A partir d'ajourd'hui, Je te donne six mois pour construire cette Arche. Va donc ! Ne traîne pas et hâte ta démarche !"
Le semestre écoulé, le ciel plein de nuages, Tressaillait des éclairs que formaient les orages. Mais lorsque Dieu revint pour voir où son Noé Avait mis le bâteau, il fut fort chagriné : L'Arche n'existait pas ! Le pauvre anachorète Supplia le Seigneur en abaissant la tête, Sur le sol tombant à genoux, Des larmes coulant sur ses joues. "Pardonnez-moi, mon Dieu ! L'Arche n'est pas construite. On m'a tout refusé, le permis et sa suite. Tous les certificats requis par les travaux Sont toujours à l'étude au fond des arsenaux. Rien ne m'est revenu de toutes mes requêtes, Et l'on m'a demandé des sommes fort coquettes, Dont je n'ai pas, Seigneur, le tout premier liard. Il me faudrait, je crois, être riche à milliards ! Plus encore, Ô Dieu ! Les gens de ce village Que vous voyez là -bas m'ont accablé d'outrages. Ils ont fait pétition contre moi ! Les marauds Soutiennent mordicus que je suis un bourreau, Maltraitant tous les animaux. Pardonnez-moi Seigneur, mais je n'ai rien pu faire, Noyez-moi avec eux, inondez cette Terre !"
Mais le Bon Dieu sourit, remballa ses éclairs D'un claquement de doigts le ciel redevint clair ! "Je vois bien, mon cher Fils, qu'il m'est fort inutile De déchaîner ainsi un déluge futile, De noyer les humains, leur orgueil, leur argent Sous les flots d'un vaste Océan. D'ailleurs ce que je vois en ce sens me conforte : La fonte des glaciers en fera de la sorte, Sans que j'ai à bouger fut-ce le petit doigt. Quatre mille ans de plus, je vous laisse, sans Moi ! Je retourne me reposer. De vous avoir revu m'a beaucoup épuisé. Vous n'avez nul besoin de mes petits talents : Pour se détruire seul, l'Homme est bien assez grand !"
---------------- Avec mes amitiés
Alain
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""A la cour, mon cher fils, l'art le plus nécessaire N'est pas de bien parler, mais de savoir se taire !"" (Voltaire)
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