en mémoire d'un vieil ami (repost 22/10/2013)

Le poêle ronronnait, avec son pot rougi
Il me disait « bonsoir... comment as-tu régi
Cette journée de cours ? Comme il a fait bien froid !
Je sais que tu as du te souffler sur les doigts ».

Le parcours était long, tout en rase campagne
Je n’avais que nuées grises comme compagnes
Que la bise filant sur les champs, les pâtures
Où croassaient les corbeaux en deuil de nourriture.

Alors je devenais « le Fils de la Tempête »,
Du nom d’un fier bateau qui me trottait en tête,
J’affrontais mauvais temps en vaillant capitaine,
Mais je ne sortais pas les mains de mes mitaines.

Après avoir marché longtemps sous les averses
Que la fureur du temps d’automne nous déverse,
Avoir subi du vent les rafales hurlantes,
Retrouver son logis était chose emballante.

C’est ainsi que le soir, en rentrant de l’école ;
La petite maison avait son protocole
Pour fêter mon retour dans sa meilleure humeur,
Où le charbon offrait le tiède et puis l’odeur.

Lavé, en pyjama, venait temps du savoir.
Tranquillement alors, je faisais mes devoirs
Pendant que sur le feu, bouillonnant, odorante,
Marmite d’un très bon repas était garante.

Atmosphère d’antan, doux moments oubliés.
Radiateurs sont là, et le poêle humilié,
A fini de rouiller sur un tas d’immondices,
Terminant là sa vie remplie de bons offices.

Plus de chaleur câline et plus d’odeur de suie
Aux soirs de temps maussade où terre se ressuie.
Plus de flammes dansant sous la daube embaumée
Nous n’irons plus fouler les plaines déchaumées.

Le 22 octobre 2013 tous droits réservés.

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Chez ma grand-tante en hiver (extrait d'un roman inédit encore en chantier depuis 2006)

Gustave m’attrapa par la taille et me mit sous son bras, souleva ma valise comme une plume et rentra dans la maison. Je me tortillai en riant, mais je savais par expérience que je ne pourrais pas m’échapper de sa prise. Il rentra dans la cuisine et me déposa à terre. La grande pièce était froide, en effet, et beaucoup plus sombre que pendant les grandes vacances. Tante Mathilde n’avait pas encore allumé les lampes et seules quelques lueurs rougeâtres et fugitives dansaient sur les murs et le plafond, provenant du dessus et de la porte mal jointe du grand poêle en fonte. Il allait d’un si bel allant que le pot était rouge et je ressentis sa chaleur en m’approchant. La chatte grise était couchée au pied. « Elle doit rôtir dans ses poils, si près » pensai-je en moi-même. Mais non. Elle dormait, sereine et l’âme en paix, à la chaleur du foyer.

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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)