J’AI CRU MOURIR CE SOIR


Boire l’éclat de tes yeux
Profonds comme des étangs noirs
Ou bien mourir ce soir

D’or fut le jour
S’éteignant lentement
Parmi la moire des nuages

J’ai défait mes pensées une à une
Tes cheveux sont épars
J’ai laissé derrière moi
Tout ce qui ne parlait pas de toi
Il me faut perdre la mémoire
Ou bien mourir ce soir

Le vent doux a frôlé ton visage
Plus douces sont mes mains
Mes doigts en parcourent les lignes
Et mes lèvres ensuite
Boivent le parfum tiède
De ton corps

Et puis mes yeux cherchant les tiens
A ne pouvoir s’en détacher
Il me faut boire à leurs eaux noires
Ou bien mourir ce soir

Et le voici enfin
Ce désir qui va sourdre
Comme un vieux vin
Fort et ambré
Il me fallait y boire
Ou bien mourir ce soir

Alors mes yeux ont retrouvé les tiens
Et comme un souvenir lointain
Notre amitié nous environne
Comme un parfum

Et j’ai aussi grand besoin d’elle
La lune luit sur l’étang noir
J’ai cru mourir ce soir


© Hélène De Man
1967 Dépôt SCAM

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