Petit Louis...


Mon enfant, toi mon petit louis
Mon cœur te borde de mon amour infini.
Tes petites fossettes et tes grands yeux noirs
Ton visage éclairé d’un beau sourire, ce miroir
Qui me rappelle tant mon Adrien, ton papa
Celui que jamais tu ne connaîtras ici bas.

Mon tendre époux que cette guerre a pris
Sur mes joues pour toujours des perles de pluies.
Mon corps est secoué de révoltes en cascades
Le mutisme de l’horreur s’invite et me barricade.
Toi mon jeune fils ignorant tout de mes tourments
Je te blottis contre ma poitrine mon si bel innocent.

Comment te parler de cette douloureuse absence
Celui qui m’a tant aimé sur la blonde paille dense
M’offrant nom, amour et bonheur fougueux.
Chaque nuit je revis nos derniers moments à deux
Nos corps enlacés, le goût de nos baisers désespérés
De l’odeur de son parfum, de sa peau je suis tatouée

Mon petit Louis qui dans mes larmes me sourit
Désormais toi seul comme cadeau de la vie
Qui me retiens dans ce monde couleur cendres
Pour vivre je dois en oublier tous les méandres
Je me refugie en solitaire dans mes souvenirs
Une veuve aux abois que l’aurore vient meurtrir.

Aux foyers désarticulés amputés de leurs murs porteurs
Ceux qui reviendront enchaînés à des pierres de douleurs
Et les profondes fissures de l’âme saignantes et figées
Indélébiles marques témoigneront d’une page du passé.
D’une paix annoncée naîtront quelques lueurs de rêves
Un voile sombre se déchirant dans l’espoir qui se lève

Dans la solitude des jours attendant ta naissance
Dans ton berceau habité de ma croyance
Délicatement j’y ai déposé un doux souhait
Bien enfoui à l’abri dans les draps brodés
Te voir grandir heureux… Un vœu à l’au-delà.
Désormais pour te bercer, il ne reste que mes bras...


« Un poème fictif en hommage aux veuves de guerre
Ces combattantes de l’absence…Des mamans courage !
On parle souvent des soldats tombés mais si peu d’Elles..
Ici, sous forme de lettre écrite en confidence à son enfant
Comme un long cri formant des cicatrices au silence. »


Romane