Un poète aux portes de la nuit.
Une rencontre inoubliable aux portes de la nuit
Un train manqué dans Paris qui encore sourit
Des quais foulés par quelques ombres pressées
Au café de la gare brusquement le temps en apnée
Lui, la plume suspendue et l’âme tourmentée
Elle, envoûtée par son regard azur et habité
Fulgurante attraction aux portes du désir
Faisant taire la raison au seuil de frémir
Les heures se tamisaient aux souffles d’eux
Quatre bouts de chandelle sublimant leurs feux
Se donnant corps et âme à un cadran en suspension
Nul remord à la beauté des sens, sacre de leur fusion
Sur les bougeoirs les flammes lentement vacillaient
Morphée vint s’emparer des deux amants enlacés
Délice d’instants volés…Chut ! C’est leur secret
Laissons un peu encore les heures les envelopper
Aux premières lueurs du jour il s’était enfui
Ivre des caresses de l’amour, c’est mieux ainsi
Elle en savait bien peu sur lui, un poète Dimitri
Au loin, si loin… Une grande famille à Varsovie
Sur le chevet, il avait déposé quelques quatrains
Merveilleux cadeau ignorant les cruels lendemains
Devenant pour quelques heures sa muse d’un soir
Un doux poème pour cette perle éphémère d’espoir.
Un train de midi dans une de ces gares de la vie
Sur une vitre embuée d’un soupir, elle avait écrit
« Envoûtante parenthèse Mars 1938
Adieu mon poète de la nuit. »
Ses larmes s’échouant sur une banquette usée
Demain déjà elles appartiendront au passé
Elle et lui aux portes d’une maudite guerre
Dimitri et Esther…c’était hier !
Romane