Un soir où j'avais le cafard
J'ai poussé la porte d'un bar
Et j'ai commandé un bourbon
Afin de noyer le bourdon,
Car depuis qu'elle m'a quitté
Sans oublier de me traiter
De lâche, de miteux, de veule,
J'ai dans le coeur une plaie vive,
Et maintenant que je suis seul,
Je sens que je pars en dérive.

J'étais accoudé au comptoir
A ressasser ma propre histoire
Quand une femme vint s'asseoir
Près de moi. ''Il fait froid ce soir''
Dit-elle. ''A présent il est tard
Dans la rue, le client est rare'' .
Puis, s'adressant au garçon
''Chéri, donne- moi un wiski
Dans un grand verre et sans glaçon''

Elle a bu sans dire un seul mot.
Je ne lui tins aucun propos,
Mais nous nous sommes regardés
Comme deux êtres égarés
Qui se sentiraient attirés,
Mais elle s'est levée
Elle s'en est allée
Et je suis resté désolé,
Un peu plus lâche, un peu plus veule
Un peu plus seul.

Je suis parti un peu plus tard,
Et quand je suis sorti du bar,
Je fus étonné et ému.
Elle m'attendait dans la rue.
Elle a pris gentiment ma main
Et simplement elle a dit ''Viens''.