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Le bel Ă©moi de la Ria de l'Etel (41) Photographie de Lejumeau
Magouër, un village de pêcheurs à Plouhinec Petit port tranquille blotti dans une anse de la Ria d’Étel Une épave y est encerclée par la marée montante Des vagues de vie font craquer son ossature Un homme examine le squelette du Thonier comme un médecin Combien de temps, resta-t-il ainsi, les épaules voûtées L’air perdu dans ses pensées tissées des liens de l’affection Je m’approche, il se retourne, m’ évalue Sur son visage buriné par le sel le soleil et la mer Des larmes naissaient sous ses paupières S’écoulant une à une, comme d’une source de chagrin … Toi tu as la mer dans tes yeux T’ es photographe, ou bien un peintre amoureux des bateaux Tu sais, mes parents disaient que l’enfer, c’est la mer Ils ne voulaient pas que je sois marin-pêcheur Des gens qui peuvent être heureux à terre y restent D’autres naviguent et coulent avec leur bateau Mais on nait pêcheur, normal, quoi de plus normal que la vie à la mer Ici au port, il avait une trentaine de thoniers fallait les voir Les gens allaient, venaient les voir Attendant le retour des bateaux cales pleines Qu’un bateau soit désarmé, mis en retrait, c’est la vie Oui, mais il n’ a pas choisi de ne plus la vivre Un bateau ne peut pas finir sous une dalle de marbre Plus on vieillit, plus on le sait, un bateau vit malgré nous, avec nous Au Magouër anse vouée à la mémoire des bateaux de la Ria de l’Etel Qui a failli ne plus exister, des pelleteuses devaient tout enlever Une association de défense a été constituée, le cimetière sauvé J’y viens tous les jours, vingt ans qu’il repose là , « Le bel émoi » Subitement Il est surpris par un sanglot surgi d’une source de souvenirs L’amour, c’est ce qui se vit jour après jours dans l’émotion L’amour d’une vie, on en veut encore et encore Je m’en souviens… Quand je suis allé vers lui il caressait son bateau Le bel émoi
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