Doucement et sans bruit je rejoignais ma place
espérant qu'à ma table, nul ne serait en face
j'avais besoin d'espace, d'une vue dégagée
pour plonger mon regard vers le mur opposé

Au milieu des rayons, des centaines de livres
j'observais le bureau et ma raison de vivre
derrière de fines lunettes, le ton un peu austère
assisse se tenait la bibliothécaire

Je ne pouvais bien sûr rester oisivement
toute la matinée à la voir en baillant
j’avais donc emprunté une pile d’ouvrages
dont je me décidais à lire quelques pages

Un beau tome illustré parlant d'une duchesse
retint mon attention, j'y voyais mon hôtesse
au temps du moyen-âge, l'amour était courtois
je me promis dès lors d'être honnête et bien droit

La dame tamponnait des fiches de lecture
quand j'entrepris d'ouvrir un roman d'aventure
Alexandre Dumas, une reine, un collier
je fus vite aspiré, par le récit happé

L'horloge sonna midi, elle dégustait un thé
je refermais mon livre pour saisir un pavé
la Russie en hiver, un docteur Jivago
mon esprit s'envola, je devenais héros

Au bout de mille pages, mais sans compter les heures
fin des révolutions, du sang, du bruit, des pleurs
j'avais fait des voyages tout en restant ici
je pouvais me vanter d'être toujours en vie

Je reprenais mon souffle dans le silence du soir
la nuit était tombée, dehors il faisait noir
je relevais les yeux, la belle était partie
à sa place trônait un vieux monsieur tout gris

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FPC for ever, FTA avec modération