Goudron
Note de l’auteur:
Je n’ai jamais eu cette peine autrement que ce jour là ,
Un oiseau englué de goudron léchait le reste de sa vie...
Ce poème est pour lui (c’était la fin des années 80)
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Cette aiguille qui me pique est le croc de l’aspic,
Qui va m’empoisonner prétextant me sauver,
Le poison est entré dans ma veine blessée
En traçant dans mon sang un lien ésotérique...
Doucement j’entre en moi au cœur d’une utopie
Et je ferme les yeux sur un rĂŞve de feu,
Je vois un ĂŞtre humain insatisfait des cieux
Se demandant pourquoi son esprit s’est aigri...
Avec ailes d’oiseau je revis le prodige,
De l’incroyable Icare survolant les busards,
Et je contemple, hilare, les dangereux hasards
De la mort en Ă©cho de savoureux vertiges...
Dans l’affreux tourbillon d’une chute brutale
Et les ailes collées sur ce vieux corps en larme,
Il est tombé du ciel comme le chien d’une arme
Percutant son destin dans le poison lethal...
Confiant sa folie à ce monde d’humains,
Il a planté son bec sur la rive du lac,
Maudissant les gobseck pour ce coup de jarnac,
En hurlant un long cri Ă son dernier matin...
L’oiseau a confié son âme à la matière
Et la mienne est partie en quête d’hypothèses,
Bien sûr on s’est rien dit avant que tout se taise,
Mais nos yeux ont parlé sans bouger leurs paupières...
Shovnigorath 06052020
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“L'homme est un animal domestique, l'animal est un homme libre” (Shovnigorath)