Plume de soie Inscrit le: 20/9/2019 De: Envois: 149 |
Cyrano de Vergerac Ah non ! C’est un peu court, madame, et l’on pouvait Dire bien autre chose en exemple, tenez : Agressif : « Monsieur, si j’avais un tel pénis, Il faudrait sur-le-champ qu’on me le raccourcisse ! » Amical : « Mais il vous descend jusqu’aux chevilles Et cela doit vous nuire en vos sorties en ville ! » Descriptif : « C’est un pic !…c’est un cap !…c’est un roc ! Que dis-je, un roc ?… Big Ben affichant twelve o’clock ! » Curieux : « A quoi vous sert ce drôle de bâton Etes-vous un berger, gardez-vous des moutons ? » Gracieux : « Sur un bateau, si la bôme se fend Vous pourrez suppléer sans souci, bel enfant ! » Truculent : « Ce n’est pas la longueur de la perche Qui permet de cerner les secrets de la pêche ! » Prévenant : « Par son poids restez bien sur vos gardes, Vous risquez de tomber à l’avant par mégarde ! » Tendre : « Vous devriez vous munir d’une ombrelle, Cette partie du corps est sensible au soleil ! » Pédant : « Méfiez-vous que Priape se fâche, Car le divin phallus, c’est bien lui, que je sache ! » Cavalier : « J’ignorais où mettre mon chapeau, Puis-je donc me servir de ce portemanteau ! » Emphatique : « Si le mistral avait soufflé, Vous vous seriez, monsieur, sur-le-champ enrhumé ! » Dramatique : « Hélas, attention à la brise Votre tour est penchée plus que celle de Pise ! » Respectueux : « Il vous faudrait un trou béant ! » Campagnard : « Hé ! C’est-y quèqu’ navet d’un géant ! » Royal : « Un tel habit offre des privilèges ! » Sorcier : « Mais quel est donc cet affreux sortilège ? » Militaire : « Pour vous, pas besoin de clairon ! » Naïf : « Ce monument quand le visite-t-on ? » Moqueur : « Fermez les yeux pour ne pas voir passer De femmes en jupons. Vous vous assommeriez ! »
Voilà ce qu’à peu près, vous m’eussiez dit, Madame, Avec un peu d’esprit et plus de grandeur d’âme. Mais au lieu de cela vous restâtes muette Tout le temps que l’on a passé sous la couette.
Sans doute à ce moment vous avez découvert Que la réalité n’est pas celle des vers…
Ne m’en veuillez pas trop, ne m’en tenez rigueur, Je ne sais pas les mots qui enchantent les cœurs, Alors j’ai lu Rostand et je l’ai détourné. Vous aurais-je séduite en parlant de mon nez ?
(Poème pastiche en hommage au merveilleux Edmond Rostand)
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