Plume de soie Inscrit le: 20/9/2019 De: Envois: 149 |
Les roses du foyer
Un à un, chaque grain, s’égrène lentement… Et Saturne, moqueur, dépèce notre vie Avec l’humeur joviale et la mine ravie D’un monarque sournois siégeant au firmament.
Quand l’Homme s’ébaudit à l’orée du printemps Lui rigole sous cape en attendant l’hiver, Car c’est à cet instant qu’il se montre sévère : Si j’ose dire, il fait la pluie et le beau temps !
Oh ! Nous savons cela, nous connaissons son jeu Depuis la nuit des Temps, il est toujours le même, Monotone et absurde, insignifiant et blême : Mais vivre malgré tout est notre unique enjeu !
Alors nous essayons de tisser quelques liens S’apprivoisant un peu et s’attachant beaucoup, Ajustant, peu à peu, autour de notre cou Le nœud coulant brodé par les doigts régaliens.
Un couple tout frileux voit le jour, doucement, Pour ne faire plus qu’un quand passent les saisons, Et sous le même toit de la même maison L’âtre entretient la flamme au cœur de ses amants.
C’est alors que Saturne en personnage odieux Après avoir blanchi le harnais de nos vies, Avec l’humeur joviale et la mine ravie Fait une place à l’un au jardin du bon Dieu !
L’autre demeure donc le moral en lambeaux Scrutant cet horizon qu’il arpentera seul, Languissant de vêtir les habits du linceul : Et rejoindre à grands pas son amour au tombeau !
En attendant son jour, tristement, il effeuille Ses années écoulées dans la joie éphémère, Le souvenir devient un mets des plus amers : Il n’a pourtant que lui pour surmonter son deuil !
…
Il est vain cependant de trop s’apitoyer Sur un sort établi depuis la nuit des temps. Pour goûter au bonheur, il faut vivre l’instant : Je profite aujourd’hui des roses du foyer…
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