" Le Diable est il à la hauteur
demanda à ses ouailles un curé
Devant la ronde des malheurs
Aucun n'osa de lui se railler ."


Il est des villages comme des villes
Autant de gens de biens que d'imbéciles ,
D'indolents , de courageux , d'avares
Il faut de tout pour faire une mare .

Dans ce petit village de Normandie
En chiffre égal était le partage ,
Tout allait pour le mieux , sans souci ,
On ne comptait pas un Orage.

Le maire et le curé en connivence
Avec la Maréchaussée de bonne entendu
Faisaient respecter les lois et la vertu ,
Du sabre et goupillon la divine alliance.

Des jeunes gens on se méfiait ,
Loin du village allaient les amoureux
Tant de commérages autour d'eux
Que de leurs enfants les maisons se vidaient.

Comme la morne saison le bourg s'assoupit ,
Les ans défilèrent ,sur les fronts rides poussèrent
Avec cheveux blancs comme tristes compères ,
Plus qu'un brigadier dans la Gendarmerie.

Le curé toussait plus qu'il prêchait ,
Le maire cherchait en vain ses administrés
Seul le cimetière se remplissait
A leurs regrets au fil des années .

C'est alors que le Diable invita les compères
Pauvres malheureux , revenez en arrière
Du temps je possède le secret , je vous promet
Que de cet Enfer de vertu j'en fait un jardinet !

De leurs sangs mélangés ils signèrent le document
Promettant au Diable d'oublier l'alliance ,
Adieu Maréchaussée , revienne la souvenance
Des jours heureux , des jeunes amants.

Aussitôt signé le Diable s'empara de leurs âmes ,
Adieu curé , maire et Gendarmes
Pour vivre en paix dans le village ,
Effacés leurs souvenirs du paysage.