Se bousculent en moi les souvenirs
Pour retrouver
Le temps des greniers,
Des champs labourés,
Des épis d'orge et de blé doré.
Le temps des durs.
De ces jolies grenades
Suspendues aux murs.
Le temps de ces truffes
Aux bonnes odeurs qui dûrent.
Le temps des couffins
De figues et de raisins
Un miel pur.
Le temps des "Fermess"
Ces abricots qui séchent
Va-t'on s'en souvenir?
En moi, bouillonnent les souvenirs.
Le temps des nuits de "Ramadan"
Où l'on se promène
Sans soucis, sans gène.
Le temps où l'on s'entend
Chez tante Zina
Ou chez oncle "Foulen"
Ceux là mêmes
Qui ont assez d'amour
Pour nous accueillir
La nuit comme le jour.
Sans la moindre haine.
Mais bon sang?
Où sont allés ces gens
Qui poussent sans façon
Les portes des maisons
Pour siroter du thé
Ou recevoir un don:
Un "sorra" de Frick
Et quelques Å“eufs dedans.
En moi, les souvenirs se mêlent,
Se ramassent à la pelle.
Je ne regrette pas
D'avoir silonné, ces milles contrées
Chemins d'écoliers
Souvent sans semelles.
Je ne regrette pas
D'être resté à jeun
Toute une journée
Et pour subsistter,
Il a fallu têter
De grosses mamelles.
Je ne regrette pas
D'avoir côte à côte
Bu l'eau du ruisseau
Avec les moutons,
Les ânes, les chevreaux
Et la douce chamelle.
Ah! Qu'il était bon
Le "lben" qu'on a lapé
Mon chien et moi
Dans la même écuelle!
En moi les souvenirs se mêlent.
Durant ce temps là ,
Je n'ai jamais vu
Harceler les belles,
Jamais vu la haine
Au fond des prunelles.
Jamais entendu soupirer ma mère
Au milieu de ces nuits
Langues et améres.
Jamais oublié.
De telle fierté
Et cet amour donné
Sans savoir compter.
La verrai-je encore
À travers contées
Et ces mille portes
Qui demeurent fermées