J’avais dix ans, je m’en souviens
Bon sang comme si c’était hier
J’voyais la vie de ma tanière
Comme un si merveilleux chemin

Maman m’disait d’faire attention
De ne rien jeter par terre
D’éteindre après-moi la lumière
D’éviter la surconsommation

Papa me racontait le monde
Dans des histoires incroyables
Moi je rêvais à d’innombrables
Aventures vagabondes

J’me disais, quand je serai grand
Avec tous les autres adultes
Comme Noé dans le tumulte
D’un lourd déluge incessant

Qu’ont iraient porter secours
Aux gens malades ou sans abri
Puis ont construiraient des tipis
Recouverts d’un ciel velours

Mais j’ai grandi et me voilà
Devant la triste réalité
Les forêts ne cessent de brûler
Adieux mes amis koalas

Les faussés dégorgent de déchets
Les pétroliers vident leur cuve
Et l’océan meurt sous l’étuve
De notre égoïsme reflet

Y’a que le soir d’vant la télé
Qu’on se dit qu’il faut réagir
Mais c’est déjà l’heure de partir
Le quotidien nous a bouffé

J’avais dix ans, c’est pas si loin
Dit qu’avons-nous fait mes amis
Pour devenir ces vieux débris
Qu’on appelle « être humain » ?

Loïk Perrin