Plume d'argent Inscrit le: 27/4/2019 De: De Bretagne et d'Alsace |
Notre charmant voisin.... Notre charmant voisin.
Oh ! Comme il était gentil, notre voisin. Oh ! Que c'était un homme de bien. Il nous faisait sauter sur ses genoux. Il rendait services à tous.
C'était un jeune homme fort sympathique. Ma mère le trouvait courtois et romantique. Notre père le considérait bien atypique.
Nous les enfants, nous l'appelions "Tonton Jo". Dans le quartier, il était fort apprécié, car sa bonté était inégalée.
A l'approche des beaux jours, dans le jardin on dressait la grande table à laquelle lui et sa Dame avaient place notable. Une amitié était liée pour toujours.
Par un beau matin de printemps, c'est fou comme il était heureux et content. Chantant, il est venu nous dire qu'il allait être père. Souhaitant que notre mère fût la marraine.
Mes parents ont délicatement refusé. Ils n'étaient pas de même religion. Il en fut fort chagriné, mais, compréhensif, il n'en fit pas une affection.
Au baptême nous furent tous conviés. Le soleil accompagna les festivités avec gaîté. Ce fut une journée mémorable où "Tonton Jo" fut adorable.
Or !
Par une longue et triste nuit d'hiver, venue de l'Est, est arrivée la guerre, les bras chargés des cadeaux de la misère.
C'est aux sons des flonflons du canon que "Tonton Jo" a quitté le quartier, pour s'engager dans une milice de fachos bien équipée, afin de liquider ceux des autres confessions.
Il faisait froid et il neigeait, ce soir-là , lorsqu'il est revenu déguisé en soldat. Lorsqu'il est revenu nous visiter, avec ses nouveaux amis, tous éméchés.
Sans frapper, ils ont enfoncé la porte d'entrée, histoire de s'inviter. C'est à coups de crosses qu'ils ont défoncés le crâne de Papa histoire de s'amuser.
Tonton "Jo" a saisi Maman tel un fougueux. Il lui a pris la tête et la tira par les cheveux. Il l'empoigna telle une traînée vers la chambre, histoire de visiter son entre-jambes.
Puis avec la férocité de l'excité, il l'égorgea tel un sanglier. Tous ses amis semblaient bien se distraire, lorsque sous le secrétaire, ils ont trouvé ma petite sœur.
Elle a passé un sale quart d'heure. Pour ma part ils m'ont poignardé en plein cœur.
Ah ! Comme il était gentil notre voisin ! Ah ! Que c'était un homme de bien ! Aujourd'hui, il rend service à tous. Les enfants sautent sur ses genoux. Il est fort apprécié dans le quartier. C'est un homme de qualité. Car sa bonté est inégalée, Il a contribué à éliminer tous ces pestiférés.
ROUSSELOT
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