De fil en aiguille
le souffle bute sur le mur du silence
étrange pièce vaudeville
où le ridicule prend forme de prestance
ce qui nuit à ma joie
ce n'est ni ton absence
encore moins ton indifférence
ce qui nuit à ma joie
c'est ce que génère ton insolence

De fil en aiguille
je remonte le cours de l'histoire
le point de départ est demain
le point d'arrivée une chute
qu'importe le paradis
qu'importe l'enfer
notre viatique ne fut pas l’espoir
mais l'entêtement
même si la témérité se gaussait de nous
même si la raison s'écartait de nous
le chemin fit de nous ses esclaves
et le destin a voulu que tout s'achève
au seuil de nos interrogations

De fil en aiguille
j'étale mes blessures
celles de jadis
celles du futur
comme un livre ouvert sur la page de damnation
comme un film sur un écran instable
le tout défile sans but apparent
fuyant le fil conducteur
comme un train qui déraille
comme une charrette qui se renverse
comme une cheval boiteux
comme un esprit qui plonge dans sa folie
dans une tentative vaine de s'arrimer à la mort
salvatrice
celles des hommes qui ont vécu une vraie vie
celle des femmes qui ont su aimer du vrai amour
celles des fugitifs qui ont fuit la foi
la loi
le code
l'équilibre précaire
d'une vie décidée par d'autres

L'aiguille mord le tissu de vie
le fil rafistole les vides du destin
nos âmes errent au petit bonheur la chance
dans le sillage de l’étrange étoile filante
qui nargue le soleil et sa lumière aveuglante

Hamid

11/09/2019