HUMANITAS

Je dois avoir mille ans
Et comme le milan surveille territoires
Je surveille patient les moments de l’histoire
Je suis la sentinelle et le témoin des temps

Je crois que j’ai mille ans
Je suis par les chemins tous les petites gens
Qui tels ânes entêtés s’échinent à survivre
Pour faire un avenir aiment à se reproduire
Ils sont depuis longtemps d’histoire le ciment

Je sais, j’ai deux mille ans
Je suis tous ces héros, ces princes, ces tyrans
Qui s’enivrent de sang, s’imaginent puissants
Croient dominer le monde, parler aux éléments
Ont laissé sur la terre d’orgueilleux monuments
Rongés par la poussière, retournés au néant

Je crois, j’ai dix mille ans
J’ai été tous ces mages, ces gourous patriarches
Qui firent religions pour apaiser leurs peurs
Et se prenant pour Dieu, asservissent les âmes
En rédemption fumeuse, sous couvert de vertu
Les prêtres et leurs idoles enivrés de pouvoir,
Sacrifient sans vergogne à l’autel des puissants

Peut-être j’ai dix ans
Bien sûr tout a changé et pourtant rien ne change
La terre a de saintes colères, quelquefois tout rasé
Contre vents et marées, la science a progressé
Et la cosmogonie, d’univers la conscience
Régression ou essor, où penche la balance
Le train de l’avenir, peut-t-il rester en gare ?

Je crois que j’ai plus temps
Je suis le Juif errant, le condamné biblique
Frappé d’éternité, suprême est la blessure
Mes yeux ne peuvent voir, ni mes lèvres parler
Je ne peux pas entendre les voix de l’avenir
Je ne peux écouter que celles du passé
Cacophonie, fracas, miracle mélodies

Je suis l’humanité et je mène la quête.

Parceval