Ils s’étaient étirés, ce matin, comme tous les autres. Recevant un coup de pouce, que j’eus plutôt voulu appeler un coup de main, vif et rapide ; ils s’installaient rapidement dans une position droite et figée. Ils accueillaient tous les soirs, pratiquement aux mêmes heures la pénombre qu’une nuit offrait. s’étirant, puis s’allongeant après qu’ils furent pris en main par un poignet lançant un bras comme le fut le javelot, ils s’endormaient sans rien attendre. Vous leur trouverez peut être une vie, et suivant ce descriptif, triste et morne. Cadencée, assisse sur les mêmes habitudes assez millimétrées. Et pourtant, et pourtant. Ils savaient tout de vous, de moi. De nos nudités, joies et peines. Ils entendaient rires et cris. Offraient la nuit quand il faisait jour ; la fraîcheur quand il faisait chaud, et cachait à nos regards plissés le soleil qui s’amusait au zénith. Nous ne les regardions à peine, alors pour tuer le temps, les rideaux se dandinaient, en dansant, sous la caresse du vent.
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Une tranche de vie, instants d'existence.