Ecoute, le temps murmurer
Dans le bruissement des choses

Ecoute-le susurrer
À l’oreille des roses

Les secrets du printemps
La douceur des choses

Ecoute-le glisser
Sur les joues des plantes

En larmes étincelantes
De la rosée superbe

Ecoute-le égrener
Impassible les années

De l’âge infidèle
De la raison éphémère

Ecoute-le dire
Avec la science occulte

De l’alchimie obscure
L’ossature des êtres

Ecoute-le ! Écoute son silence !
Au-delà des portes barricadées

Des geôles de la torture
La question et sa censure

Ecoute-le siffler
La vie comme un ivrogne

Sifflant la bouteille
Sans aucune vergogne

Ecoute-le ! Écoute-le !
Dans le battement d’un cœur

Faire le procès de la raison
Le bilan d’un pleur

Ecoute-le croiser le fer
Sur l’autel de la jeunesse

Insouciante et éperdue
Indolence et paresse

Ecoute-le ! Encore et encore
Se paraphraser dans le discours

Ecoute-le ! Écoute-le !
Charmer son auditoire
Bouches gourmandes
Du parler ostentatoire

Ecoute-le dire
Sans jamais se rebiffer

Les quatre vérités
Àla face du monde

Ecoute-le gémir
Sur la peau fraîche d’un bébé

Ecoute-le glaner
Le fruit vermeil

Des joues de l’enfance
Des tendres années

Ecoute-le fleurir
Les prairies douces

Des senteurs infinies
Des cœurs apprivoisés

Ecoute-le, mon ami
Ecoute, le temps !
La cadence des jours meurtris
Et des nuits affolées

Ecoute-le bénir
Les liaisons éphémères
Les divorces consommés

Ecoute-le boire
Sur nos lèvres goulues
Le secret des paroles tues

Ecoute-le frémir
En un chagrin noyé
Au fond de notre coupe

Ecoute-le gémir
En mal de patience
Mal dans notre peau

Ecoute-le sourdre
Du choc de nos âmes
À la recherche du temps perdu

Ecoute-le chanter
L’hymne à l’amour
L’hymne à la beauté
L’hymne de notre folie

Ecoute-le ! Écoute-le !
Présenter les armes
À l’âme rendue de notre jeunesse
À la sépulture de notre vieillesse

Ecoute-le ricaner
Dans sa fierté impassible
Sur le nombre de nos années
Sur les chicanes de notre âge

Ecoute-le geindre
comme une bête blessée
Et peindre un à un
Les désespoirs des opprimés

Ecoute-le crier
Le malheur des négriers
À l’ère des temps modernes
La douleur des enfants oubliés
De la misère humaine

Ecoute-le chanter
Le ressac des cœurs troublés
Le flamenco des chiens perdus
La détresse des âmes affolées
La saveur du fruit défendu

Ecoute-le se taire
Comme un printemps muet
À la mémoire de tous les partis
Tenants d’une guerre
Que d’aucuns espèrent finie

Ecoute-le pleurer
La souffrance des hommes
L’impuissance armée
Des volontés asservies
À la force du pouvoir.


A Mohaghane
Je ne peux que m’incliner obséquieusement devant tant de générosité et de déférence dans une révérence tout de remerciements et de reconnaissance. Sensible, innovateur et seul comme un poète authentique sait le faire, tu as su faire parler la noblesse de ton cœur, en tissant ces mots aussi beaux que sincères. Touché au plus profond de ma sensibilité de poète vulnérable, je viens étendre mon âme à l’ombre sublime de ton oriflamme.
Aux plumes d'Oasis
Quant à vous ô plumes magistrales, je ne peux me défaire de vos mots si beaux qui me tiennent compagnie à travers la vie et ses sautes d’humeur. Dans l’incertitude du temps qui m’emprisonne, vos mots sont les dignes compagnons de mon infortune où je lutte pour un soupçon de lumière. Mon absence n’est qu’une parenthèse ouverte dans le cadran du temps où le temps fou rameute ses heures. Il est impératif que je sois ailleurs, ma présence éphémère est prise dans les crocs géants d’un temps aux abois et potentiellement tortionnaire. Mon amour et moi sommes dans une phase critique où la moindre erreur peut s’avérer fatale. La poésie autant que le poète est en danger de ce côté-ci de la vie qui n’a plus d’arrière-pays. Mon pays qui est le mien m’habite, il épouse les couleurs de mon cœur où il pleure une immense douleur…

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