Par delà les murs gris qui me coupent du monde
Et de ce toit hideux crevant l'obsession,
En ce dix-sept octobre, chère tête blonde,
Vers toi mon cœur ne fait qu'un bond.

Oui, ton anniversaire exalte dans ma fibre,
Mon Pierrot, mon enfant, comme un charme viril.
Dans la nuit de mon bagne, il chante et rit et vibre
Et luit comme un matin d'avril.

Comme ce jour tissé pour moi d'apothéose
Où, vivace présent par Dieu même envoyé,
Ce minois d'angelot dont tu gardes le rêve
Vint illuminer mon foyer.

De tes sœurs, il est vrai, semblable remembrance
Fait chatoyer en moi d'aussi riches émaux,
Ainsi de celle à qui s'en va ta préférence
Comme si vous étiez jumeaux.

Mais ce dix-sept octobre, O mon gosse, O mon Pierre,
Par le plus délirant et paternel aveu,
Hors de ces murs affreux dont m'oppresse la pierre,
C'est vers toi que vont tous mes voeux.

Ce poème a été ecrit en 1950 par mon père alors que j'avais 17 ans.